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LES VICTIMES DU VERCORS NOUS PARLENT

Pourquoi sommes-nous ici ? Sagement alignés,
Dans cette terre bénie du Vercors pittoresque,
Que l'on aimait fouler par de belles randonnées,
A chaque tour découvrant de jolies arabesques.

Nous qui avions la vie promise au bonheur
Nous aimions ce Vercors aux falaises de vertige,
Qui fait chanter l'amour, qui fait battre le cœur,
Nous restions ébahis, devant tant de prestige.

Mais qui nous a plongés dans ce grand désarroi
Où nous nous sommes trouvés recouverts d'infamie,
Vivant dans l'inquiétude, souvent avec effroi,
Ayant peur des gibets dressés par l'ennemi.

Prestigieux Vercors protégeais-tu tes fils ?
Venus chercher ici espoir et liberté,
Fuyant l'occupation, le néant de l'abysse,
Rien n'est plus admirable quand l'honneur est dompté.

Pourquoi de ce ciel pur s'est abattu l'orage ?
Que nous appréhendions dans ce pays si beau,
Nous étions rassemblés dans un si grand courage
Que nous n'avons tremblé, l'esprit devint flambeau.

Est-ce le temps des héros renaissant au Vercors ?
Est-ce le temps des martyrs, de la Rome antique ?
Subissant les supplices qui déformaient nos corps
Avons vécu l'horreur des journées de panique.

Le sourire s'est figé sur nos lèvres de pierre,
Celui qui a bercé l'agonie de nos frères,
Des pendus de la Mure aux brûlés de Beaussières,
A tous ceux fusillés, au sommet du calvaire.

Qui dira le secret de la Luire si fière ?
De ses blessés gisants dans sa gueule béante,
Pourquoi tant de braves gens et des familles entières
Ont connu la torture, voués à la mort lente.

Nous aurais-tu trahis ? Vercors du mystère,
Toi qui nous a laissés seuls devant les vampires,
Nous qui avions confiance en ta grandeur austère,
Pourquoi n'est-on sorti de ton funeste empire.

Et vous qui en ce jour êtes ici rassemblés,
En faites-vous un devoir ou est ce de la pitié ?
Pour nous les sacrifiés voilà bien des années,
Dans un conflit damné, n'ayant rien à expier.

Souvenez-vous amis, nous avons été forts
De notre engagement contre la barbarie,
Nous avons tout donné sans le moindre remord
Pour que tous les Français sortent enfin de la nuit.

Restez unis toujours, dans la belle amitié
Comme nous le sommes aussi par les liens du passé,
Nous savons, malgré tout, que si nous sommes tombés
C'était pour que vous puissiez vivre en paix.

Nous étions vos copains de la folle aventure,
Des Cuirassiers très purs d'héroïsme inconscient,
Nos dix huit ans étaient couverts de leur parure
Comme les vieux troupiers aux drapeaux flamboyants.

Nous n'avons pu comme vous connaître le grand amour,
Avoir beaucoup d'enfants et être aussi grand père,
Malgré tous nos malheurs étant restés vos frères
Nous y mettons nos cœurs, nos rêves et nos amours.

Revenez chaque année, mettre une gerbe de fleurs,
Faites un signe de la main mais surtout pas de pleurs,
Au pied du Mémorial qui aux passants rappelle,
Que notre immolation restera éternelle.

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