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HOMMAGE À PITHIVIERS

Mais oui je me souviens et connais Pithiviers
Où nous nous sommes trouvés avec le Régiment,
En Mars quarante quatre et où les Cuirassiers
Dans ce havre de paix ont chassé leurs tourments.

Après des mois très durs d'une guerre endiablée
Où nous avons souffert en nos corps et nos cœurs,
Avions dompté la haine, mais restions accablés
Gardant en nos mémoires une laide rancœur.

Bien sûr, plus de tracas, plus de peur à avoir,
Nous nous étions sortis des journées de l'enfer,
Mais il manquait hélas en cette ville d'espoir
Tous nos amis tombés et qui ont tant souffert.

En cette jolie commune nous étions hébergés,
Vivant comme des rois dans ce grand gatinais,
Au château de Joinville nous étions installés,
Parmi les chars poudreux, les armes bien rangées.

Accolée au clocher, nous allions à l'église
Prier pour les copains, comme un immense atlas,
Pourquoi tant de combats, de regrets pour devise,
Un jour vous apprendrez que tout s'éclipse, hélas.

Toujours assez contents en ville on défilait
Et sur nos vieux blindés, en allant on chantait,
Pendant la prise d'armes sur la place du Martroi
Les gens nous regardaient, souvent avec émoi.

On allait se baigner dans l'Essonne à Malesherbes
Qui était mieux que l'Œuf qui coule à Pithiviers,
Et souvent on mangeait, se délassant sur l'herbe
Le fameux pain d'épice, régal des Cuirassiers.

Tous les samedis soir jusqu'à l'aube on dansait,
Ces danses étaient des fleurs, une à l'autre enlacées,
Les filles étaient jolies, d'innocence et de paix,
Et leurs cœurs très rebelles emplissaient nos pensées.

Un jour nous sommes partis, quittant cette cité
Où des gens affables nous avaient accueillis,
Avec des souvenirs pleins d'affectivité,
Nous n'oublierons jamais toute leur sympathie.

Elle fut aussi c'est sûr, la ville de transition,
Passant du "subir" a celui de "liberté".
Finis: combats, tueries, angoisses et afflictions,
De notre grand Régiment nous avions mérité.

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