Vendredi 4 Août 1944

A l'autre bout de la FRANCE, sur le front de NORMANDIE, les troupes Alliées avancent lentement au centre du dispositif de défense Allemand installé dans le bocage. Le terrain, très vallonné est coupé de très nombreux chemins creux, de haies touffues qui entourent les herbages. C'est un terrain très favorable à la défense.

Depuis plusieurs jours, en plus de l'artillerie terrestre, le Cuirassé Français COURBET, coulé volontairement le 6 Juin 1944 dans la fosse marine naturelle de COLLEVILLE-SUR-ORNE, expédie ses obus de gros calibre sur VILLERS-BOCAGE, pays natal de "FILOCHARD" du C12. Ces derniers écrasent les rues les unes après les autres. Les combats sont si violents et acharnés que lorsque, le 4 Août 1944, les Anglais entrent dans la petite ville, il ne reste que des ruines. La pression des combats est très forte à la sortie de CAEN. Le front n'est guère qu'à une quinzaine de kilomètres de la mer. Les Boches se retranchent derrière des herbages inondés dans la région de TROARN au début du pays d'AUGE appelé aussi la "SUISSE NORMANDE". Ils y ont amené de nombreux blindés qui se trouvent bloqués dans le secteur par une aviation Alliée omniprésente et maitresse incontestée du ciel. Chaque mouvement des troupes Allemandes est immédiatement clouée au sol par les chasseurs-bombardiers Alliés. Il semble bien que la tactique du grand Etat-major Allié est d'attirer le plus possible de troupes ennemies dans ce secteur afin de les immobiliser, tandis que la 1ère Armée US et les blindés du Général PATTON foncent sur AVRANCHES pour prendre en tenaille et encercler la défense Allemande de cette ville. Ils tentent de faire la jonction avec les parachutistes largués sur la BRETAGNE qui combattent main dans la main avec les F.F.I. locaux.

Les Allemands, en combattants confirmés, se défendent pied à pied, mais sont obligés de reculer, tellement la pression Alliée est forte et continue.

Dans le Sud de la FRANCE, tout le monde attend avec impatience le débarquement qui, de toute évidence, ne saurait tarder. Jamais les Français n'ont autant écouté la T.S.F. Elle seule peut renseigner la population sur les grands événements du moment. Le C12 essaie de se reformer avec les éléments dispersés dans le DIOIS. Des liaisons sont établies pour rétablir le contact. Parmi les renseignements recueillis, beaucoup d'échos font état de nombreux sabotages effectués sur les lignes téléphoniques, notamment entre LYON et SAINT ETIENNE, BOURGOIN, GRENOBLE et le Sud. De nombreux pylônes et câbles sont plastiqués. De petits coups de main sont tentés un peu partout créant une insécurité permanente et grandissante pour les Nazis. Il s'agit d'affoler l'armée d'occupation. Mais les Allemands sont coriaces, ils continuent leurs exactions habituelles, aidés en cela par les Miliciens qui, n'ayant plus rien à perdre, ne désarment pas.

C'est ainsi que l'Oberleutnant SELBRICH, toujours renseigné par sa jeune maitresse Française Mireille "PROVENCE", décide d'arrêter le commandant Vincent BEAUME. Emmenant avec lui une quinzaine d'hommes, il pénètre dans le domiC11e de ce dernier. Le trouvant vide, avant de se retirer, les Nazis cassent tout se qu'ils trouvent à l'intérieur.

Dans la forêt de LENTE, à la ROCHETTE, les gars de "THIVOLLET" voient arriver ceux de BOURGEOIS qui se replient. C'est mauvais signe, car ils étaient cachés au pied de la falaise sur le versant de BOUVANTE-LE-HAUT, et cela démontre que l'étau se resserre de plus en plus.

Dans le DIOIS, les nouvelles des anciens du C12 nous parviennent. Ont été retrouvés "PEKIN", "LA TRINGLE", "SEPPI" et "CADET" ainsi que plusieurs autres que "CALVA" connaît moins. Par contre, ils sont sans nouvelles des copains restés dans la forêt de LENTE et il faudra attendre le 23 Août, la rencontre avec O.F.I., pour connaître les souffrances physiques et morales qu'ils ont dû endurer pendant trois semaines.

"CALVA" et "PARECHOCS" respectivement cachés à BARNAVE et MONTMAUR, n'ont rien à signaler; tout est calme. Par contre, plus au Sud, "GEORGES" et ses hommes, après s'être reposés à MISCON, reprennent la route. Ils passent le COL-DE-LESCHES. A LESCHES-EN-DIOIS, ils sont ravitaillés par les habitants qui n'ont pas eu trop à souffrir des Boches. Après le repas, ils repartent et traversent la route HANNIBAL pour arriver à la nuit à VALDROME.

Des avions Alliés passent en rase-mottes au-dessus de BARNAVE et se dirigent vers DIE. Dans l'après-midi, le bruit court qu'une pièce de la Flack Allemande s'était manifestée et que l'un des avions lui avait envoyé une bombe, la manquant de très peu.

Pendant ce temps, à ALGER, "JOSEPH" relate à Jacques SOUSTELLE les derniers moments du VERCORS. Il lui fait part de l'immense déception qu'il a ressenti devant l'inutilité de ses appels, suivis d'aucune volonté de venir au secours des Maquisards du VERCORS. Il demande a être reçu par le Général DE GAULLE. Comme toujours en pareil cas, on prétend que l'emploi du temps du Général est trop chargé, que celui-ci est trop pris, et que cela demande un certain délai avant de pouvoir le rencontrer. Comme un fait exprès, SOUSTELLE est subitement convoqué par DE GAULLE. A son retour, il dit à "JOSEPH" qu'il sera reçu le lendemain matin par le grand CHARLES DE GAULLE.

En effet, ce 5 Août au matin, "JOSEPH" est reçu par DE GAULLE à qui il raconte une nouvelle fois ce qui s'est passé dans le VERCORS et la grande déception des combattants devant l'immobilisme de l'Etat-major d'ALGER. Il lui décrit la situation actuelle, lui expose la volonté grandissante des Maquisards du VERCORS de reprendre le combat dés que les circonstances seront plus favorables. Il fait aussi état de la peur panique des Allemands qui en sont réduits à ne sortir qu'en force de leurs cantonnements pour aller se ravitailler. Il insiste sur le fait que ce n'est qu'à cause de leur supériorité tant numérique qu'en armement lourd (Avions, canons et chars) qu'ils arrivent encore à se déplacer précisant qu'ils sont affolés, par les "Terroristes" qui les frappent toujours à l'improviste. Fous-furieux, ils effectuent des représailles épouvantables et odieuses sur les civils. Il rajoute que l'on sent qu'ils en ont assez de cette guerre et qu'ils sont prêts, en majorité, à se rendre à 1 seule condition, que ce ne soit pas aux FFI mais aux troupes Alliées; mais comme actuellement toutes les Alpes sont contrôlées par les FFI, les troupes d'occupation se refusent à se rendre à des "Terroristes".

Le Général DE GAULLE fait part à "JOSEPH" des plans prévus par les Alliés pour le débarquement dans le midi. Il constate avec étonnement que ceux-ci ne tiennent aucun compte de la puissance potentielle des Maquisards lorsqu'il entend : La chute de TOULON est prévue à J+20, celle de MARSEILLE à J+40, le passage de la DURANCE à J+60 et la prise de GRENOBLE à J+90.

Il fait alors remarquer qu'au point où en sont arrivées les opérations en NORMANDIE, la victoire sur ce terrain n'est plus qu'une question de deux à trois semaines. Il suffirait, dés le débarquement dans le Midi effectué qu'un régiment ou deux avec des chars légers et de l'artillerie passent par les Alpes pour seconder les FFI. Ceux-ci, pratiquement, contrôlent entièrement la région. Cela donnerait aux Alliés la possibilité, par un mouvement tournant, de bloquer la vallée du RHONE. Cette opération aurait l'avantage de ramasser au passage les garnisons voulant se rendre de DRAGUIGNAN, SISTERON, DIGNE ou GAP qui, lasses d'une guerre perdue, souhaitent être faites prisonnières par l'armée régulière.

Le Général DE GAULLE semble intéressé par ce que lui décrit "JOSEPH", mais n'étant pas le commandant en chef de cette vaste opération, ne pouvant prendre de décision, il décide d'envoyer "JOSEPH" à NAPLES, au G.Q.G. du Général PATCH, chef des troupes devant effectuer le débarquement.

En attendant celui-ci, le Haut Commandement de l'A.S. du VERCORS décide d'intensifier la guérilla. C'est ainsi que prés de HAUTERIVES, la section du Lieutenant Marius MABBOUX attaque par surprise et avec succès, des camions ennemis faisant six morts Allemands et autant de blessés; qu'au GRAND-SERRE, cinq Collaborateurs et Miliciens sont abattus; qu'à BEAUREPAIRE, deux agents de la Gestapo ayant subit le même sort, l'ennemi prend quatre otages et les fusille immédiatement sur place.

Les Nazis, fidèles en cela à leurs principes se livrent à de nombreux pillages et font régner la terreur à BARBIERES et dans ses environs.

Dimanche 6 Août 1944

Dans la région du VERCORS, les Allemands effectuent un nombre très important de patrouilles à fréquence très rapide. Au PAS-DE-LA-ROCHETTE ils font prisonnier Jean TONIOLO de DIE et l'obligent à marcher devant eux. N'écoutant que son courage, arrivé à proximité du cantonnement de ses camarades, il hurle :

"22, voilà les Boches !"

Permettant ainsi à ses camarades de s'enfuir à toute vitesse. Ce courageux "Soldat de l'ombre" est immédiatement abattu par les Allemands.

Dans la fuite générale qui suit l'alerte donnée par TONIOLO, deux Maquisards sont blessés. L'un d'eux, FEYNEROL, du C11, blessé à la jambe, n'a pas pu rejoindre les autres; aussi, ceux-ci se lancent-ils à sa recherche, malgré la certitude qu'ils ont que les Allemands se sont planqués et les attendent pour les surprendre. Ils fouillent les taillis et les bois sans succès. N'arrivant pas à trouver le moindre indice de sa présence, ils supposent que les Allemands l'ont "cravaté" et embarqué afin de le faire parler sous la torture.

Le soir de ce même jour, le C11 est à nouveau endeuillé par la mort de Marcel ALBERT et de Marius BADOIN; l'un abattu par surprise au PAS-DE-LA-ROCHETTE et le second, l'un des plus anciens, abattu à LIVRON.

Prés de SAINT-MARTIN-LE-COLONEL, une patrouille de la 5ème Compagnie détruit une voiture Allemande.

Dans le DIOIS, au COL-DE-GRIMONE, "WAP" est envoyé en renfort pour aider à repousser une attaque des Fridolins. L'Etat-major Français constatant que l'attaque ennemie est trop puissante pour être contenue, lui transmet un contre-ordre afin qu'il se replie sur BELLEGARDE-EN-DIOIS, au Sud de la Drôme (rivière) et de la route de DIE montant au COL-DE-CABRE, par BEAURIERES.

Valdrôme

Quant à "GEORGES" et les siens, après avoir quitté VALDROME, ils s'arrêtent à SAINT-DIZIER-EN-DIOIS, au Sud de BELLEGARDE-EN-DIOIS.

La vaste région au Sud et à l'Ouest de la Drôme (rivière) est hors de la zone d'opération de l'ennemi. Elle est trop éloignée du plateau du VERCORS. Elle sert de sanctuaire de survie et de repli à de nombreux combattants.

A l'ouest de DIE

Décidemment, les Fritz voudraient bien mettre la main sur le PC de "LEGRAND" à ESCOULIN. Ont-ils eu des renseignements par des traitres ?? Toujours est-il qu'ils essaient d'infiltrer une compagnie entière sur le plateau de VERONE.

Ils parviennent jusqu'aux abords du village lorsqu'ils tombent sur la section de garde qui les oblige à se replier sous un déluge de feu. Furieux, ils se vengent comme d'habitude, en incendiant quelques fermes et maisons après les avoir systématiquement pillées.

En Algérie

"JOSEPH", parti très tôt de l'aérodrome de Maison Blanche à ALGER, accompagné par un interprète, arrive à NAPLES et se présente aussitôt au P.C. du Général PATCH. Celui-ci est entouré de son Etat-major. Devant cette assemblée d'officiers supérieurs Américains et Anglais, il renouvelle l'exposé qu'il a présenté la veille au Général DE GAULLE. Il développe, en les indiquant sur une carte, les obstacles installés par les Allemands - Blockhaus, réseaux de barbelés, ponts minés, etc, etc ..... - Il indique les places principales des garnisons ennemies et leur valeur guerrière; les itinéraires qu'il recommande après les avoir fait étudier par la Résistance. Il préconise une très grande rapidité d'action pour prendre les Allemands de vitesse et éviter leur réaction. Naturellement, avec beaucoup de conviction et d'enthousiasme, il leur décrit la composition des différents Maquis et leur extraordinaire volonté de combattre. D'ailleurs, leur dit-il, ils ont déjà prouvé cette volonté durant plusieurs années dans des conditions parfois dramatiques et ils sont bien décidés d'aller jusqu'au bout, jusqu'à la défaite définitive de l'ALLEMAGNE.

Il poursuit inlassablement son exposé en précisant, qu'évidemment il faudra mettre beaucoup plus la Résistance à contribution pour effectuer des destructions massives sur toutes les routes venant de la frontière Italienne.

Les Maquisards devront rester en protection aux frontières afin de prévenir toutes actions Allemandes qui viendraient contrecarrer les projets Alliés. De plus, dit-il, la situation dans le secteur de NORMANDIE laisse prévoir un effondrement du front tenu par les Allemands avant, ou presque en même temps que le débarquement prévu sur les côtes de PROVENCE. En effet, ce 6 Août, les troupes Alliées sont aux portes de VIRE et les Allemands amorcent un repli général en direction de FALAISE sous des bombardements comme ils n'en ont jamais connus. D'autre part, depuis le 27 Juin 1944, le port de CHERBOURG libéré, permet, malgré les destructions, l'accélération du ravitaillement en vivres et en munitions des troupes Alliées engagées. Dans de telles conditions poursuit-il, il est évident que les troupes ennemies stationnées dans le midi risquent d'être prises au piège très bientôt, si le front de NORMANDIE s'écroule sous la poussée irrésistible des Alliés, ce qui est maintenant prévisible.

Il faut croire que "JOSEPH" a su convaincre PATCH et son Etat-major, car ils appliqueront la tactique qu'il leur a suggérée.

Pour la troisième fois, "JOSEPH" refait le même rapport, mais cette fois-ci au chef de l'Armée B. Il essaye de convaincre le Général DE LATTRE DE TASSIGNY et ses Généraux de corps d'Armée. Invité par le chef du corps expéditionnaire Français, il se rend très vite compte que les FFL et l'Armée d'Afrique ont une méconnaissance complète de l'organisation des FFI, de leurs efforts et des résultats qu'ils ont obtenus sur le terrain. Plus grave, ils ne prennent pas en compte le fait marquant que, si les Allemands restent ainsi bloqués dans leurs casernes, c'est en grande partie parce qu'ils craignent les embuscades à répétition des Maquisards. Pour "JOSEPH", il y a de quoi être découragé.

Ce ne sera pas la dernière fois qu'il sera obligé de répéter son exposé; en effet, pour la quatrième fois, "JOSEPH" refait la même narration de ce qu'il a vu sur le terrain dans un style identique aux Officiers Français, Anglais et Américains réunis au S.F.U.4 (Unité Spéciale d'Opération n°4) mis en place pour faire après le débarquement, les liaisons entre les Armées Alliées et les FFI.

Le voyage à ALGER et les différentes rencontres que "JOSEPH" a eues seront d'une importance capitale pour nous, car avec l'avancée des Alliés, la paix reviendra en un temps record dans une région qui en avait bien besoin.

Lundi 7 Août 1944

Dans le DIOIS, "LEGRAND" a reçu l'ordre de "BAYARD" de maintenir la pression sur les troupes Allemandes. Il a un profond écœurement des luttes intestines qui divisent les chefs qui ont tendance à se disputer pour des questions de commandement. Il place comme chef de zone le Commandant "CONSTANT" avec comme conseiller militaire le Capitaine HENNEQUIN, officier parachuté. La mission principale qu'il fixe à "CONSTANT" est :

Harcèlement jour et nuit des convois Allemands sur la RN 7 remontant la vallée du Rhône et sur la RN 75 appelée route des Alpes, qui relie GRENOBLE à SISTERON par LUS-LA-CROIX-HAUTE.

A la suite de cette décision, les polémiques sont mises en sourdine et les missions s'effectuent avec beaucoup plus d'efficacité.

Malgré la présence continuelle des Allemands qui tiennent tous les points de passage autour du plateau et à l'intérieur même du massif du VERCORS, de courageux agents de liaisons accomplissent leur tâche en parcourant dans tous les sens, malgré les dangers, de longues distances dans la nature pour maintenir la cohésion entre chaque unité et les P.C. Beaucoup, hélas, le paient de leur vie. L'un de ces braves parvient à remettre à "LOULOU" (Louis BOUCHIER) un message de "HERVIEUX" :

"7 Août, "HERVIEUX" à Bouchier.

Je suis venu à ARBOUNOUZE, à SARNA, à PRE-GRANDU depuis que les Boches ont desserré un peu leur étreinte afin de savoir où tout en était ici.

J'ai appris aussi les exactions que les Boches avaient faites en VERCORS, en particulier ce qu'ils avaient fait de votre maison de TOURTES. Ils nous le paieront !

Je ne sais si je pourrai voir "GODERVILLE" ou le Commandant "GEORGES" qui commandait dans la région de PRE-GRANDU. J'y vais aujourd'hui. En tout cas, voulez-vous transmettre les ordres suivants à "GODERVILLE" et à "GEORGES", si vous les trouvez, sinon les exécuter vous-même :

1) Regroupement de tous les éléments de la forêt Domaniale dans les deux régions : ARBOUNOUZE--PRE-GRANDU. Récupération des armes.

2)Tri des hommes et des cadres. Formation de petites unités de guérilla de 25 à 30 hommes maximum, solides et très bien encadrés. Idéal : Un officier, cinq sous-officiers par unité. Armement : Cinq F.M., un ou deux bazookas et le reste, fusils, mitraillettes, grenades gammon. Instruction à outrance de l'embuscade et du coup de main.

3) Attendre les ordres du Commandant "BASTIDE", chef des F.F.I. (ISERE) ou du Commandant duquel vous dépendez.

4) Le Commandant "BASTIDE" vous fera avoir tous les parachutages nécessaires : Ravitaillement, effets, armes, munitions. Au point de vue armes, si chacun récupère la sienne et celles dont il connait la "cache", il doit y en avoir plus qu'il n'en faut.

5) Je donne au Commandant "BASTIDE" l'argent nécessaire pour subvenir à vos besoin.

6) Non seulement tout n'est pas fini, mais tout continue mais à l'extérieur du VERCORS en Maquis et non plus à l'intérieur où les Boches et n'importe qui passeront librement désormais. Mais, attention à la discrétion des Maquisards. Changer fréquemment de place. La forêt Domaniale est une cache à toute épreuve.

7) Je sais ce que vous avez fait au combat de CORRENCON. Je vous en félicite. C'était, hélas, la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Ces messieurs nous ont fait l'honneur de cinq divisions dont deux bataillons de chasseurs de montagne, un groupe d'artillerie de montagne ainsi qu'un Régiment blindé et une Compagnie de parachutistes venue tout exprès de STRASBOURG pour nous. Nous n'en avions pas besoin !

Lundi 7 Août 1944 - 9 heures

"HERVIEUX" "

Les Allemands prennent de plus en plus l'habitude de placer des civils sur les premiers véhicules de leurs convois afin de décourager d'éventuelles attaques des Maquisards. Malgré cet odieux stratagème, ceux-ci redoublent d'activité. En représailles, les Boches accentuent leurs exactions en brûlant les habitations, granges et fermes avec ou sans autre motif que la haine.

Il ne manque pas d'exemples pour illustrer ce qui précède; ainsi, à PRESLES une vingtaine d'habitations sont en flammes, à BARCELONNETTE, ce sont deux fermes qui sont détruites, d'autres à SAILLANS, à BEAUREGARD-EN-BARET, à BARBIERES etc....etc.... En ce qui concerne les arrestations, les déportations, les vols, les viols et les assassinats, la liste est impressionnante. Partout où elles se trouvent, les troupes Allemandes, quelque soit les unités, agissent de la même façon. Ce ne sont pas uniquement les formations S.S. de sinistre réputation qui accomplissent ces méfaits, mais aussi l'armée régulière Allemande.

Dans le TRIEVES, les patrouilles ennemies poursuivent inlassablement leurs recherches des "Terroristes". Elles sillonnent la région et fouillent partout. Dans ces conditions, l'insécurité est telle que l'Adjudant LIOTARD décide de quitter le village de CHICHILIANNE et de trouver refuge plus au Nord. Mais il doit résoudre le problème des deux blessés qui se trouvent dans son groupe : Busca OSWALD et Georges GUIGNE dont l'état de santé ne lui permet pas de les emmener. Une solution est trouvée lorsque Henri RAMBAUDI se propose de rester avec eux. Tous les trois se cachent prés d'un ruisseau où ils sont ravitaillés par de braves paysans.

Les conditions de séjour prés de ce ruisseau sont particulièrement pénibles, aussi le lendemain, GUIGNE décide de tenter sa chance. Il pense pouvoir rejoindre sa famille à VIF dans l'ISERE. C'est un endroit particulièrement surveillé par la Gestapo et la soldatesque Nazie.

Mardi 8 Août 1944

A DIE, à 7 heures du matin, les MONGOLS quittent la ville. La méfiance de la population est telle qu'elle est persuadée du retour à bref délai de l'occupant. Il faut dire qu'elle a été échaudée plusieurs fois ces derniers temps; elle a vu passer tant de combattants, que ce soit Résistants d'un côté, Boches et Miliciens de l'autre et qu'à chaque retour de ces derniers, elle a dû compter ses morts; qu'elle ne croit pas un seul instant que ce soit terminé. Elle s'attend à un retour inopiné des Teutons et personne n'ose descendre et sortir dans les rues comme aux mois de Juin et Juillet où l'euphorie du moment leur avait coûté si cher.

A NAPLES, DE LATTRE DE TASSIGNY demande à PATCH de le recevoir. Il vient proposer au Général en chef la participation active de l'Armée Française à la percée par les Alpes. Le Général Français écrira plus tard à ce sujet sur son entretien avec PATCH :

"Il aurait été logique que cette manœuvre fût confiée à l'Armée Française dont les F.F.I. formaient l'avant garde clandestine. Mais, le Général PATCH parut voir dans mon désir, le souci inavoué d'éviter à mes troupes les assauts contre TOULON et MARSEILLE. J'eus, pour la première fois, à cette occasion, un différent assez vif avec lui, car il m'était pénible qu'on mit en doute, après les preuves qu'ils avaient données, la volonté offensive des Français.....Au mieux, la chute de TOULON était prévue à J+20, c'est à dire la 4 Septembre et celle de MARSEILLE à J+40, c'est à dire aux environs du 25 Septembre. Aucun franchissement de cours d'eau important n'était envisagé avant le 30 Septembre, toute progression au-delà de la DURANTE était reportée au 15 Octobre. Beaucoup jugeaient plus raisonnable d'admettre qu'il faudrait attendre jusqu'au 15 Novembre (J+90) pour s'assurer la maitrise de la vallée du Rhône entre Lyon et la mer."

Ce pessimisme dans les prévisions des Etats-Majors Alliés semble provenir de l'expérience pénible qu'ils ont eue lors du débarquement en NORMANDIE. En effet, malgré les énormes moyens mis en œuvre par les Alliés, ce n'est qu'au bout de deux mois après avoir mis pied à terre sur les plages qu'ils ont été capables d'entrer dans VIRE à 93 kilomètres d'ARROMANCHES sur la côte et de continuer rapidement en direction de FLERS. Les fantassins Alliés sont pourtant soutenus par une artillerie et une aviation des plus puissantes jamais vues dans la deuxième guerre mondiale. Mais, les Allemands qui ont opposé jusque là une résistance farouche et acharnée, commencent à s'épuiser.

A ALGER, à son retour d'ITALIE, "JOSEPH" est convoqué par le Général DE GAULLE pour le lendemain.

Sur le plateau et aux alentours du VERCORS, la guérilla reprend et s'accentue de plus belle. A PETOUZE, au cours d'une embuscade, le Lieutenant PACCALET est grièvement blessé. DURIEU regroupe ses chasseurs et tend aussitôt de nouvelles embuscades prés de LA-CROIX-PERRIN et sur la route de SAINT-NIZIER. Les Boches ont des pertes. Pour se venger, ils brûlent LES-EYMARDS.

Au pont de VALCHEVRIERE, les chasseurs de la 1ère Compagnie du 6ème B.C.A. attaquent les Allemands sur la route qu'ils surplombent. A LA-CROIX-LICHOUX, autre attaque de convois Boches. Il y a des Allemands mis hors de combat.

Après l'ordre de dispersion qu'ils ont reçu au COL-DU-ROUSSET, quatre Maquisards du C11 ont décidé de rentrer chez eux. Avec "LE PAPE", malgré les barrages ennemis, ils vont tenter le coup et réussissent à arriver au but qu'ils s'étaient fixé, soit à GRENOBLE, ROMANS ou VALENCE.

Mercredi 9 Août 1944

S'étant rendu à la convocation du Général DE GAULLE, "JOSEPH" lui rend compte de sa mission auprès du Général PATCH de ses exposés successifs devant les officiers Alliés. Malheureusement pour la Résistance, connaissant les plans du débarquement sur les côtes Varoises, il est consigné à ALGER.

Un Major et sa secrétaire Allemande étaient partis par le train pour effectuer une promenade. Malheureusement pour eux, ils sont induits en erreur par un chef de gare faisant partie la Résistance et dépassent la station où ils auraient dû descendre. Ils sont immédiatement emmenés au P.C. de "LEGRAND". Ce dernier profite de l'occasion pour tenter de faire cesser l'exécution des Français blessés faits prisonniers. Il adresse à la Kommandantur de VALENCE un ultimatum mettant en demeure les responsables Allemands de cesser immédiatement cette pratique et de prendre l'engagement de ne plus fusiller les soldats Français blessés; faute de quoi, il se verrait dans l'obligation d'exercer le même traitement aux Allemands à commencer par le Major qui est entre ses mains. La réponse doit être imprimée dans le journal "le Petit Dauphinois" à une heure et une date déterminée. Comme à la date fixée pour l'expiration de l'ultimatum, "LEGRAND" n'a reçu aucune réponse, le pauvre Major est fusillé.

Dans la ville de DIE, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans tous les quartiers que les "MONGOLES'' ont quitté définitivement la ville et n'ont été remplacés par aucune autre troupe ennemie. Les Boches sont-ils partis du VERCORS ?? Les Résistants se posent la question car ils pensent à l'ensemble des copains qui sont tombés à VASSIEUX et sont restés sans sépulture. Connaissant bien les habitudes des Nazis, ils sont persuadés que ceux-ci ont évacué leurs blessés et inhumé leurs morts, mais sûrement pas les nôtres. "JACQUOT" prend contact avec des amis de DIE pour s'informer. Dans la matinée, des renseignements lui parviennent. Il n'y aurait plus de Boches à VASSIEUX !?

A peu prés au même moment, "GEORGES" et une vingtaine de ses hommes font leur entrée dans DIE libérée. Il a une initiative malheureuse qui lui attire la réprobation de la population civile. Il lit à haute voix en déclamant devant ses hommes rigolards, une des nombreuses affiches collées par la Milice dans les rues de DIE. Les concitoyens de la ville n'apprécient guère ce genre de manifestation et de nombreux commentaires aigres-doux fusent.

"Ils reviennent lorsque les Fridolins sont partis et si ceux-ci reviennent occuper DIE; ce sera encore nous, les civils, qui seront les victimes de leurs représailles."

"GEORGES" n'a pas l'intention de s'éterniser à DIE, il veut aller voir ce qui se passe dans le VERCORS.

Des Résistants de DIE préparent du matériel et des provisions car ils ont décidé d'aller aussi dans le VERCORS. Par prudence, ils font confectionner des brassards avec une croix rouge. Sait-on jamais si des Allemands venaient à les arrêter ? Le plus difficile pour eux c'est de trouver un camion en état de marche pour transporter tout le monde ainsi que le matériel. Finalement le départ est prévu pour le lendemain matin.

Pendant ce temps, les Maquisards multiplient les embuscades : A LAFFREY, deux Fritz sont abattus. Une grosse formation ennemie se repliant en direction de BOURG-D'OISANS est signalée aux Résistants. On les prévient qu'elle doit prendre l'itinéraire VALBONNAIS, ENTRAIGUES, LE PERIER pour passer au COL-D'ORNON.

"VALENCAIS" (Lieutenant TREUILLE) part en patrouille avec un groupe de Patriotes qu'il laisse au PONT-DU-PRETRE. Il poursuit sa reconnaissance avec seulement "PIVOINE" (VINET) . Surpris par un élément retardateur ennemi qui ouvre le feu sur eux, ils ripostent mais sont abattus. Le combat se déplace vers le PONT-DU-PRETRE où quatre autres Français tombent à leur tour. La colonne Allemande est attaquée continuellement jusqu'au COL-D'ORNON, sans que les Patriotes en connaissent les pertes. "BOB" étant parti en mission, c'est "ADRIAN" qui commandait l'opération.

En forêt de LENTE, prés du PAS-DE-LA-ROCHETTE, une patrouille à laquelle participent des Maquisards du C12, retrouve FEYNEROL, disparu depuis trois jours et considéré comme mort. Dire la joie de ses compagnons de le retrouver vivant est impossible à décrire car il est très estimé. Tous étaient persuadés qu'il s'était fait "piquer" par les Boches, ceux-ci l'avaient longuement recherché, en vain, au péril de leur vie. Il explique qu'il s'est planqué dans un bosquet très touffu, que lorsqu'il a entendu un groupe d'hommes passé à côté du taillis où il s'était réfugié, il a fait le mort, croyant avoir à faire à une patrouille Allemande. L'inconvénient de cet excès de prudence, c'est que durant trois jours, sa blessure est restée sans aucun soin et que la gangrène s'y est installée. Tout est entrepris pour l'évacuer au plus vite sur l'hôpital de ROMANS. Il est trop tard pour lui sauver la jambe mais il est amputé avec succès. Heureusement sa vie est hors de danger, car la famille de ce Patriote a déjà été très éprouvée par la perte de leur fils Roger, qui, soigné à la grotte de LA LUIRE, a été achevé prés de celle-ci, par les S.S., le 27 Juillet.

Lundi 10 Août 1944

Tôt ce matin, "JACQUOT" et "LA MOME", tous deux du C12, se joignent aux volontaires Diois qui ont décidé de monter à VASSIEUX pour tenter de donner une sépulture décente aux morts.

A CHAMALOC, les habitants leur donnent de l'essence de lavande qui leur sera bien utile pour atténuer l'odeur de putréfaction qui se dégage des corps humains et des cadavres d'animaux en décomposition, qui envahit tout et imprègne les vêtements. Lorsqu'ils arrivent au COL-DU-R0USSET, ils sont obligés d'effectuer le transbordement du matériel à dos d'homme par le COL géographique, car le tunnel est toujours dans l'état où les gars de "GRANGE" l'ont laissé avant leur dispersion; il est bloqué par un éboulis qui interdit tout passage.

A VASSIEUX, l'odeur précède l'horrible spectacle qu'ils vont découvrir.

"JACQUOT" et "LA MOME" connaissent déjà les destructions dues aux bombardements du 13 et 14 Juillet et ont assisté à l'attaque des planeurs Allemands du 21 Juillet, comme ils ont aussi participé à la contre-attaque infructueuse du 22-23 Juillet. A la scierie MAGNAN, ils découvrent un monceau de cadavres. Il y en a partout. C'est à cet endroit que les travailleurs du terrain d'atterrissage ont été rassemblés et exécutés sur place à la mitraillette. "FEND-LA-BISE" gît à proximité de sa mitrailleuse. Il paraît évident que son corps a été déplacé par les Boches afin de leur permettre d'utiliser son arme à leur profit comme le témoigne le nombre impressionnant de douilles de balles Américaines qui jonchent les alentours de son poste de tir.

A plus de dix mètres, "JACQUOT" reconnaît "FILOCHARD". Bien sûr, son visage s'est parcheminé, mais il est très reconnaissable, il n'y a aucun doute possible. Tour à tour, les uns après les autres, ils reconnaissent les nôtres : "HARDY", une première fois touché à la cuisse puis achevé de deux balles dans la poitrine. "LA FLECHE", "ALOA", "POPOFF", "LE REVEREND", "MIMILE", JUBAN et LEFEVRE; soit dix Maquisards du C12. La tristesse les envahit; elle est doublée par la nausée effroyable qu'ils ressentent à respirer cette atmosphère empoisonnée. Prés de chaque corps des combattants abattus, "LA MOME" constate un petit tas de douilles Anglaises. C'est dire la résistance acharnée qu'ils ont opposée dans un combat perdu d'avance.

Les Boches ont récupéré toutes les armes et les munitions restantes. Par contre, chose étonnante, ils ont laissé des corps de S.S. tués au combat, recouverts partiellement de fumier. D'autres corps Allemands sont alignés le long d'un mur qu'ils ont essayé de démolir pour les recouvrir. Ils y sont arrivés qu'à moitié et l'éboulement maladroit ne les recouvre que partiellement. Plus loin, les Maquisards remarquent les fortifications légères et hâtives construites par les S.S., le planeur écrasé non loin de la ligne électrique et le nombre impressionnant de petits et gros planeurs posés un peu partout aux alentours et dans VASSIEUX en ruines.

Ayant reconnu les gars du C12 tombés en combattant, sachant qu'ils ne sont d'aucune utilité pour reconnaître les civils et les autres combattants qu'ils ne connaissent pas, ils préfèrent laisser aux volontaires Diois la charge d'inhumer les victimes après les avoir identifiées. Ils ont hâte de s'éloigner des lieux de cet atroce massacre. Ils subissent le contrecoup de la vue des corps de leurs compagnons d'armes et ont un chagrin insupportable accentué par l'odeur épouvantable qui se dégage de ces ruines.

En recherchant le corps des victimes, ils découvrent des croix de bois dont trois d' entre-elles portent déjà des noms de gradés Allemands. Les Nazis avaient sans doute commencé à les fabriquer pour les planter sur le tumulus sous lequel ils avaient l'intention d'enterrer ces gradés, puis ils ont dû changer d'avis et ont évacué les corps par avion, mais pas tous.

"JACQUOT" et "LA MOME" redescendent à DIE le cœur lourd. L'odeur les poursuit, leurs vêtements en sont totalement imprégnés.

Pendant ce temps, les courageux volontaires Diois montés avec Jean VEYER, essaient de s'organiser et installent leur cantonnement dans la grange ALGOUD, l'un des rares bâtiments à avoir échappé à la destruction totale.

Si, ce matin, les Allemands ne sont plus à VASSIEUX, par contre, ils sont toujours à SAINT-MARTIN-EN-VERCORS, où ils commencent seulement à évacuer les lieux. Deux Maquisards, las d'attendre et voulant se ravitailler, essaient de parvenir au village. Mais ils se font tirer dessus avant d'avoir atteint les premières maisons. En réalité, les chasseurs Autrichiens ne quitteront les lieux que le soir en emmenant avec eux tous les chevaux des fermes environnantes.

Dans la forêt de LENTE, "THIVOLLET" accueille "LAROCHE" (Commandant TANAN) et le chef BUCHHOLTZER. "THIVOLLET" et son adjoint "MODOT" (Commandant PELLAT) apprennent que deux messages sont passés à la B.B.C. pour prévenir le Maquis de l'imminence du débarquement en PROVENCE; du coup, le moral des Maquisards remonte en flèche. Eux qui ont tant souffert de la faim, de la soif et de l'inconfort dû à la précarité de leur situation, voient avec soulagement et enthousiasme le moment où ils vont pouvoir quitter ces bois et reprendre le combat.

"HERVIEUX" vient de recevoir en plus de son commandement actuel, celui de l'OISANS. Il transmet la direction du VERCORS à son adjoint direct, le Commandant BOUSQUET.

A GRENOBLE, les Nazis fusillent les Docteurs FISCHER et ULLMANN ainsi que le père Yves de MONTCHEUIL qu'ils avaient arrêté le 27 Juillet à la grotte de LA LUIRE.

Parti de DIE, "GEORGES" rejoint SAINT-JULIEN-EN-QUINT avec son escorte.

Vendredi 11 Août 1944

Dés l'apparition du jour, les équipes s'organisent à VASSIEUX. Un groupe de menuisiers se met à fabriquer des cercueils, un autre installe une cuisine et un troisième commence à creuser une immense fosse où seront déposés les cercueils. Le cimetière provisoire est installé "AUX POUYETTES", en contrebas de VASSIEUX, en direction de LA CHAPELLE-EN-VERCORS.

Afin de renforcer les volontaires montés de DIE pour donner une sépulture décente aux morts de VASSIEUX et de ses environs, la préfecture de la Drôme réquisitionne des habitants de SAINT-JEAN-EN-ROYANS.

Jean VEYER, accompagné de Marcel GALLAND, va jusqu'au hameau de JOSSAUDS où il découvre, les civils tués. Tous les deux ont la surprise de trouver une vieille femme, madame veuve STALETTY, née ROBERT, âgée de 81 ans, seule au milieu des ruines qui, sans un mot, les conduit vers la cave où git un blessé. Il s'agit de Robert ROCHE. Blessé au pied le 21 Juillet, il a réussi à se traîner jusque là. Jean VEYER raconte que ROCHE a le pied serré dans des bandages ensanglantés et putrides, qu'il est allongé sur un matelas plongé dans la pénombre et recouvert de quelques hardes. Il est chevelu et barbu, et ce qui frappe en premier dans cette pénombre c'est la blancheur de ses dents lorsqu'il sourit "à pleine dents" !! Depuis trois semaines qu'il est là, sa blessure au pied est restée sans soin et s'achemine vers la gangrène. La vieille femme hébétée par le drame, en état de choc, l'a nourri tant bien que mal depuis le premier jour. L'état de son pied est tel, qu'évacué sur Romans, il est amputé du pied droit. Grâce à des soins attentifs, il se rétablira rapidement.

Si, pour le moment, il n'y a plus de Boches à VASSIEUX, il n'en est pas de même sur le pourtour du massif. Toujours présents aux sorties du VERCORS, ils fusillent systématiquement et sans aucune pitié, toute personne civile ou militaire qui tombe sur un barrage (en venant de l'intérieur de celui-ci). Leur haine des Maquisards est telle qu'ils obligent leurs futurs suppliciés à creuser leur propre tombe. C'est ainsi qu'en quelques jours, une quarantaine de Patriotes capturés, sont amenés à SAINT-NAZAIRE-EN-ROYANS et tombent victimes des Nazis.

Plus à l'Est, après le TRIEVES, le Lieutenant VILLARD est revenu s'installer dans l'OISANS. Il établit un barrage important sur la départementale 526 au lieudit LA BARRIERE D'AIGUES, non loin du village VALBONNAIS. La concentration de feu est impressionnante : Sept F.M. et une mitrailleuse légère. En outre, il fait miner la route.

Empruntant la D 526, une forte colonne Allemande essaie de gagner BOURG-D'OISANS. En fin de matinée, elle arrive au contact. Le Lieutenant VILLARD a donné des consignes très strictes de ne tirer qu'au dernier moment, et de laisser l'ennemi s'engager complètement dans le périmètre de l'embuscade. Quand l'avant-garde se trouve entièrement engagée, les Maquisards font sauter la route, refermant ainsi la nasse, puis ils font feu de toutes leurs armes. Une quinzaine d' Allemands pris dans le piège sont mis hors de combat.

Afin de se dégager, l'ennemi réagit très vite en faisant appel à l'artillerie de montagne. Après une forte préparation d'artillerie,, il lance une attaque de débordement, ce qui oblige le Lieutenant VILLARD a faire replier ses groupes sur le village LE PERIER, puis, toujours en suivant la D 526, le long du ruisseau MALSANNE, sur les hameaux LES DAURENS et plus loin LE CHALP. Pour éviter de mauvaises rencontres, il est obligé avec ses gars de crapahuter sur les crêtes qui dominent le ruisseau et la D 526. Appliquant la méthode de la guérilla, il continue à dérober tout en engageant le combat à chaque contact. Admirablement servi par la nature chaotique des lieux, le Lieutenant VILLARD a attaqué l'adversaire avant que celui-ci ait le temps de mettre en place toi tous ses moyens. De repli en repli, malgré les accrochages qui se multiplient, il rejoint le RIOUX D'ORNON. Il donne alors l'ordre de reprendre le Maquis au-dessus du hameau LES SIAUDS un peu avant le COL D'ORNON (1371 mètres).

Dans le DIOIS, "GEORGES" isolé avec ses gars, veut rétablir le contact avec son chef, " THIVOLLET". Il part avec une patrouille réduite à une douzaine d'hommes. De SAINT-JULIEN-EN-QUINT au Nord-Ouest de DIE, il veut atteindre le VERCORS par le COL DE FONT-PAYANNE. Arrivé à ce point, il y fait une pause. En cours de route il a aperçu de nombreux postes ennemis, mais il a, à chaque fois, réussi à se glisser sans encombre entre les mailles du filet.

Samedi 12 Août 1944 - Mort de Charles MOTTET

Réfugiés à SAINT-JULIEN-EN-QUINT, Jean BONTHOUX et son beau-père Charles MOTTET, en ce matin du 12 août, décident de retourner à VASSIEUX pour y récupérer des habits dans leur domicile qu'ils ont dû abandonner au moment des combats. Mais, Jean BONTHOUX n'est pas tranquille et, après une courte discussion, il quitte son compagnon et rentre à SAINT-JULIEN-EN-QUINT. Il est convenu entre eux que Charles MOTTET ira seul rejoindre LE CHOMAT où il compte être hébergé chez son beau-frère.

Pendant ce temps, les volontaires de DIE s'activent à VASSIEUX. Depuis le matin, des préparatifs se poursuivent pour enterrer les victimes : Ils continuent le creusement d'une immense fosse commune, la confection des cercueils et l'inhumation des corps au fur et à mesure des mises en bière. Les hommes vaquent à ce sinistre travail dans l'atmosphère pestilentielle qui stagne sur le village martyr. Ils ont tous au bras un brassard de la Croix Rouge.

C'est à ce moment que à FONT-PAYANNE, "GEORGES" et ses hommes quittent leur campement provisoire pour se diriger vers VASSIEUX. Ils ont l'intention de rejoindre la Forêt DE LENTE après avoir fait un arrêt à VASSIEUX. Ils arrivent au village vers les 13 heures. Inutile de dire qu'ils sont fort mal reçus par les personnes s'occupant des sépultures. En effet, ces dernières craignent à juste titre, un retour inopiné des Allemands et par là même, de faire les frais d'un combat qui ne manquerait pas de s'engager entre Maquisards et Fridolins.

Aussi, c'est avec un soulagement certain qu'ils voient "GEORGES" et les siens repartir après une pause de plus d'une heure et attaquer la montée du COL DE LACHAU. La patrouille de "GEORGES" passera la nuit à la belle-étoile dan la nature, auprès du chalet du club Alpin que les Nazis ont entièrement brûlé.

Il n'y a guère plus d'une heure et demie que la patrouille a quitté les lieux et un œil exercé pourrait encore les apercevoir. Une patrouille Allemande, deux automitrailleuses et un camion bourré de soldats, fait son apparition à l'entrée de VASSIEUX par la route venant de LA CHAPELLE. Sur ce coup, les Français à VASSIEUX l'ont échappé belle, c'est sûr !!

L'oberleutnant du génie qui commande le détachement, semble stupéfait de trouver autant de monde en ces lieux et que tous ces gens portent au bras un brassard de la Croix-Rouge. Par un hasard heureux, parmi les Français se trouve une personne parlant l'Allemand. Il explique à l'officier qu'ils ont été envoyés par la Croix-Rouge pour ensevelir les morts. Suit alors une conversation entre l'oberleutnant et le traducteur, l'officier le questionnant pour savoir si, en relevant les cadavres, ils auraient trouvé des morts Allemands et plus particulièrement un certain Capitaine MULLER. Le traducteur lui explique que sur les croix que les Allemands avaient commencées à préparer et qu'ils ont abandonnées, ce nom ne figure pas.

L'odeur insupportable indispose ces messieurs Allemands qui cherchent un endroit pour passer la nuit. Ils optent pour le hameau de CHOMAT vers lequel ils se dirigent avec leurs véhicules. C'est au moment précis où ils y parviennent que Charles MOTTET arrive lui aussi. Persuadé qu'il a plus de chance de sauver sa peau en s'enfuyant, il fait demi-tour et essaie de courir. Les Boches n'hésitent pas, ils ouvrent le feu et abattent dans le dos le malheureux civil, qui n'a pu, hélas, les distancer.

La patrouille motorisée Allemande devait sûrement faire partie du convoi qui a mis en émoi toute la population de SAINT-MARTIN-EN-VERCORS. En effet, après avoir rassemblé la totalité des habitants sur la place du village, contrôlé les identités et la domiciliation de chacun, les Allemands se sont contentés de relâcher tous les gens apeurés par ce que l'on raconte sur les massacres de VASSIEUX et de ses environs. Par contre, le jeune J.BARRATA n'aura pas cette chance. Parti avec d'autres blessés le 22 Juillet de la grotte de LA LUIRE, mal remis de ses blessures, épuisé, il s'est arrêté prés du village des BARRAQUES pour y passer la nuit. Les Allemands le trouvent, endormi prés d'un buisson, et le fusillent sur place.

Dans les Basses-Alpes, dans la soirée de ce même jour, à la sortie de DIGNE, la Gestapo arrête une voiture de la Croix-Rouge conduite par Claude RENOIR. A l'intérieur de celle-ci se trouve une brochette d'officiers supérieurs du S.O.E. Il s'agit du Major "ROGER" (CAMMAERTS), FIELDING et SORENSEN. Ils reviennent tous ensemble d'une réunion qui s'est tenue sous la présidence du Colonel "CONSTANT" (SAINT-SAUVEUR), réunion qui a eu lieu prés de MARSEILLE, à laquelle participé aussi d'autres officiers Alliés.

Le Colonel "CONSTANT" (SAINT-SAUVEUR) vient d'être parachuté dans le midi pour coordonner les actions des F.F.I. du Sud-est en vue de leur engagement au côté des Alliés lors du débarquement et des combats qui en découleront nécessairement. Sur les ordres du M.U.R., il ordonnes la mobilisation générale de tous les Maquisards du midi qui rejoignent leurs unités.

Les trois officiers regagnaient leur base situé prés de LA SEYNE lorsqu'ils ont été interceptés par le barrage établi par la Gestapo.

Ayant déclaré qu'il avait reçu l'ordre de ses supérieurs de la Croix-Rouge de conduire ses passagers, les Allemands laissent partir Claude RENOIR. Il n'en croit pas sa chance, s'étonne d'être aussi facilement relâché, persuadé qu'on lui tend un piège, il multipliera les précautions pour son retour.

Quant aux trois officiers S.O.E., ils sont emmenés à la Gestapo de DIGNE sous forte escorte. Installée dans une villa, la Gestapo est dirigée par un Belge du nom de Max MASSON. C'est ce même individu qui a opéré à DIE vers la mi-juillet 1944 avec une bande de voyous du même acabit. Se prétendant marchand de tableaux, il a mené joyeuse vie notant sans aucun doute les noms et adresses des personnes de religion Juive et des sympathisants de la Résistance. En juillet, ils n'étaient pas encore connus pour leur appartenance à la Gestapo. Tout au plus pouvait-on penser qu'ils sympathisaient avec les Allemands. Cette bande de voyous a quitté DIE lorsque les Allemands et Miliciens ont été bien installés et leur ont fourni essence et argent en contre partie de leurs informations. Peu de temps après ses exploits à DIE, Max MASSON le Belge, devient le chef de la Gestapo des Basses-Alpes dont le siège est à DIGNE où il emmène toute son équipe.

Apres leur départ de DIE, des arrestations ont lieu qui ne sont surement pas sans rapport avec leur présence dans cette ville où ils ne remettront jamais les pieds.

Dans le DIOIS, les Maquisards du C12, momentanément dispersés, poursuivent leurs liaisons entre eux en vue d'un futur rassemblement.

Dans le VERCORS, à VASSIEUX, les Boches qui, la veille sont montés au hameau de CHOMAT et tués Charles MOTTET, partent très tôt de celui-ci pour aller au COL du ROUSSET constater l'étendue des dégâts occasionnés au tunnel par les Maquisards du C11 (Ceux-ci ont, en effet, détruit le tunnel avant leur départ afin d'interdire le passage aux véhicules Allemands). La Wehrmacht se repliant, l'oberleutnant poursuit le travail de destruction du tunnel commencé par les Patriotes et le fait sauter à nouveau pour interdire d'une façon durable toute circulation de véhicules. Les équipes qui travaillent à VASSIEUX entendent très distinctement l'explosion. Très peu de temps après, ils voient les trois véhicules Allemands repasser à VASSIEUX sans s'arrêter. Du COL du ROUSSET, ils auraient pu directement rejoindre la CHAPELLE-EN-VERCORS en passant par ROUSSET et SAINT-AGNAN-EN-VERCORS. Ils ont sans doute préféré reprendre le même chemin pour le retour.

Vers la fin de la matinée, de nouvelles équipes envoyées de VALENCE et de ROMANS par le Préfet de la DROME, viennent renforcer les équipes de la "Croix Rouge" déjà en place à VASSIEUX.

Quant à "GEORGES", il prend le chemin du retour vers SAINT-JULIEN-EN-QUINT car il n'a pas pu entrer en contact avec loi "THIVOLLET" qu'il n'a pas trouvé. Il faut dire que la Forêt de LENTE est immense et retrouver un P.C. dans cette immensité sans savoir exactement où il se trouve, n'est pas évident.

A son retour à SEYNE dans les Hautes Alpes, RENOIR donne l'alerte. Aussitôt que "MISS PAULINE" (Kristine SKARKBECK) apprend l'arrestation de CAMMAERTS et de ses compagnons, elle fait informer à ALGER, le chef du S.O.E., le Commandant Brooks RICHARDSON par le radio du groupe "ALBERT" (DESCHAMPS).

Le S.O.E. propose d'acheter le silence de Max MASSON le Belge en échange d'une rançon. Chargée de la délicate mission de mettre au point l'échange, "MISS PAULINE" part alors pour DIGNE. Elle entre en contact avec Max MASSON par l'entremise d'un Capitaine de Gendarmerie Alsacien qui servira d'intermédiaire. Ce Capitaine entretient de bonnes relations avec le Belge. Elle propose deux solutions : Premièrement, de lui verser très rapidement une forte rançon, deuxièmement de lui éviter l'exécution lorsqu'il sera arrêté, ce qui ne saurait tarder au train où vont les événements. Mais ces deux propositions ne seront valables qu'à deux conditions bien précises, c'est que les prisonniers ne soient pas maltraités et qu'ils soient rapidement libérés. Elle précise avec insistance que ce sont des officiers Alliés parachutés en FRANCE; que, par conséquence, il doivent être considérés comme des prisonniers de guerre.

Après de longues tractations et un âpre marchandage, il est convenu entre les deux partis que le montant de la rançon sera de deux millions de francs, somme considérable pour l'époque, et que celle-ci sera payée en deux fois, moitié le lendemain, le reste à l'officier de Gendarmerie lorsque les prisonniers seront libérés.

Aussitôt après la conclusion de ce préaccord, "MISS PAULINE" repart pour SEYNE et fait transmettre à ALGER les exigences de Max MASSON par le radio "ALBERT".

Elle a beaucoup insisté pour que l'opération soit faite en urgence, et que la somme lui parvienne très rapidement. Dans la nuit, un avion spécialement affrété pour cette mission vient parachuter à SEYNE un colis contenant la rançon demandée, ce qui constitue un record de rapidité.

Dans le DIOIS :

Derrière BARNAVE, la colline sur laquelle "CALVA" nettoie les lavandins, sert de poste d'observation. C'est ainsi qu'il constate que depuis quelques jours, il y a une recrudescence d'allées et venues de petits groupes d'hommes se dirigeant soit au Nord-est vers la rivière Drôme, soit vers le hameau de PENNES-LE-SEC. Il suppose qu'il s'agit de liaisons entre unités.

L'aviation Alliée vient de bombarder CREST. Il semble que c'est le pont de chemin de fer de la ligne LIVRON à VEYNES qui est visé. Mais pourquoi faire ? Il ya belle lurette qu'il n'y a plus de trafic sur cette ligne par suite des nombreux sabotages effectués par la Résistance. D'autre part, si c'est l'aérodrome de CHABEUIL qui était l'objectif visé, les Alliés ont fait une sacrée erreur de navigation et celle-ci aura coûté très cher à la population civile de CREST car le bilan s'élève au chiffre très lourd de trente-cinq tués et de nombreux blessés plus ou moins graves. Et dire que nous n'avons rien vu venir lorsque nous réclamions à cor et à cri l'anéantissement de cet aérodrome, ceci toujours en vain.

De leur côté, les Boches et les Miliciens s'acharnent de plus en plus sur les Résistants ou prétendus tels. Il faut dire que les Maquisards multiplient les embuscades et les troupes d'occupation perdent à chaque fois quelques-uns des leurs.

Dans l'OISANS, prés du lac DU POURSOLLET, où nous avions trouvé refuge fin Avril après l'attaque des Miliciens, les chleuhs abattent sept Maquisards qu'ils ont réussi à traquer jusque là.

Plus au Sud, dans le département de la Drôme, entre SAOU et BOURDEAUX, au lieudit "AUX ROCHERS DE FRANCILLON", les hommes du 1er choc montent toujours une garde qui leur semble de plus en plus inutile. Les aurait-on oublié purement et simplement ? Eh bien Non ! Ils reçoivent un ordre du Lieutenant BEAUMONT, commandant la 16ème Compagnie à laquelle ils sont rattachés. Ils doivent être transportés en camion jusqu'à la forêt de MARSANNE pour renforcer les F.F.I. dans une opération d'embuscades à monter sur la RN 7 entre les deux villages da l'HOMME-D'ARMES et LA COUCOURDE. Cette embuscade est importante puisque doivent y participer la 16ème Compagnie, la 17ème et le 1er Choc donc.

Le convoi Allemand qui remonte vers le Nord en suivant la RN 7, se compose d'une soixantaine de camions espacés entre eux d'une cinquantaine de mètres. L'endroit choisi pour l'embuscade est trop éloigné de la route pour pouvoir se servir des mitraillettes STEN et des grenades ordinaires. Seuls, les F.M., les fusils et les lance-grenades des "CHOCS" ont une portée suffisante.

Les ordres sont très précis : Il faut laisser passer les véhicules de tête où se trouvent des automitrailleuses et de retirer, sans engager véritablement le combat, ceux de queue qui trainent de l'artillerie.

Les véhicules touchés partent à la dérive dans tous les sens pour terminer leur course dans les fossés où le personnel indemne ou peu touché essaie de trouver un refuge et un appui pour pouvoir riposter. Les autres véhicules "Zigzaguent" entre les épaves et foncent pour échapper à l'enfer et sortir du piège qui leur est tendu.

L'engagement a été extrêmement bref, mais meurtrier. Il semble qu'il y ait eu une quinzaine d'Allemands tués, six à huit véhicules détruits, mais conformément aux ordres, les nôtres n'ont pas attendu la réaction Allemande des véhicules d'accompagnement, notamment des quelques auto canons situées en fin de convoi.

Il est décidé de renforcer l'efficacité des Maquisards en organisant des embuscades à répétition sur l'axe que constitue la RN 7. Afin d'interdire l'accès des routes secondaires et pour les obliger à rester sur la Nationale 7, trois embuscades sont prévues sur la route départementale D 6 partant de la 7 à SAINT-MARCEL-lès-SAUZET et traversant les villages de LA LAUPIE, CLEON-D'ANDRAN, PUY-SAINT-MARTIN et LA REPARA pour rejoindre la D 538 jusqu'à CREST.

Dans les collines boisées qui surplombent la D 6, le Corps Franc du Lieutenant RIVES a installé deux embuscades : L'une au niveau de AURIPLES et l'autre à celui de LA REPARA. Quant à la 7ème Compagnie, elle tient sous son feu la D 538 au niveau du village DIVAJEU, non loin de CREST. Mais là ne s'arrête pas l'action des Maquisards. Afin de resserrer l'étau sur les troupes Allemandes en mouvement, afin de condamner l'accès aux routes secondaires et éviter que les Boches de la 19ème Armée Allemande n'empruntent la D 105 et traversent MARSANNE ou la D 113 par ROYNAC pour atteindre GRANE, des embuscades sont tendues par la 13ème et la 14ème Compagnie sur ces deux routes départementales .

Par précaution, pour protéger les arrières de ses positions contre toutes tentatives d'infiltration par des blindés ennemis, le Sous-lieutenant Michel BUFFET fait sauter le pont qui passe sur la rivière LA GRENETTE prés de GRANE, ainsi que celui du RIF-NOIR, prés de CREST.

Au cours des engagements très vifs et courts qui se produisent sur ces barrages, les Allemands ont des pertes significatives. Cette guérilla est très éprouvante pour ces troupes en retraite et elles se vengent encore une fois sur les civils qui se trouvent malencontreusement sur le théâtre des opération.

De plus en plus, les Allemands sont confrontés à d'autres embuscades qui se reforment le long de tous les axes que l'ennemi est susceptible d'emprunter. Elles sont devenues tellement importantes que la Wehrmacht ne peut plus se déplacer qu'en convoi fortement protégé et que, un peu partout le long des routes, aux croisements, et dans les défilés, des panneaux fleurissent pour rappeler aux soldats Allemands qu'ils se trouvent dans une "Zone Terroriste".

Sur le plateau du VERCORS, à VASSIEUX, le ramassage et l'inhumation des victimes se termine; aussi est-il envisagé d'étendre les recherches dans la forêt de LENTE, en faisant un grand ratissage, afin d'ensevelir tous ceux qui y sont tombés.

Lundi 14 Août 1944 - Regroupement du 11ème Cuirassiers

"HERVIEUX" se voit confier le commandement de l'ensemble des Maquis des deux départements de la Drôme et de l'Isère. Il remet le commandement du VERCORS à son adjoint le Commandant "CHABERT" (BOUSQUET). Ce dernier est arrivé au VERCORS le 12 Juillet 1944. Jusque là, il avait été responsable de la région Lyonnaise. Grillé et recherché par la Gestapo, il avait dû prendre le Maquis pour sa sécurité et celle des siens.

Comme tous les chefs principaux de la Résistance, "CHABERT" connaît les messages personnels devant annoncer l'imminence du débarquement Allié sur la côte de PROVENCE. Comme tous les responsables de haut niveau, il attend ceux-ci avec beaucoup d'impatience.

Dés qu'il est averti de la diffusion sur les ondes des messages annonçant la proximité du débarquement, il envoie immédiatement des agents de liaison pour en informer les commandants des différentes unités de combat.

En forêt de LENTE, au P.C. de "THIVOLLET", le moral remonte d'un seul coup. Enfin, on va sortir de ces bois et passer à l'action. Enfin, ils vont sortir de cet isolement, de cette précarité qui, depuis trois semaines pèse sur eux comme une chape : d'angoisse, de saleté et de faim; enfin ils vont pouvoir se battre à découvert. Aussitôt, fébrilement, chaque unité s'organise. L'espoir d'en découdre avec l'ennemi transforme chaque Maquisard en redoutable combattant explosant littéralement de joie. Les uns vont récupérer l'armement lourd qu'ils ont dû cacher au début de la dispersion et du repli. Mitrailleuses lourdes, F.M., grenades et munitions de réserve sortent de leurs caches où, bien graissés et enveloppés dans des toiles de parachutes, ils avaient été déposés pour accroître la mobilité des Patriotes. En se dispersant, ils n'avaient conservé avec eux que leurs armes de poings. Les autres se préparent, fourbissent leurs armes et commencent à faire mouvement.

C'est ainsi que le nouvel et embryonnaire 2ème Escadron du 11ème Régiment de Cuirassiers fait mouvement avec JURY vers LA BAUME D'HOSTUN, suivi par les autres Escadrons et le bataillon "FAYARD", ou, du moins ce qui en reste car, comme pour 11ème Cuirassiers, les effectifs ont fondu.

A LA BAUME D'HOSTUN, "PAQUEBOT" arrive avec BOIRON. Encore mal remis de ses blessures, "PAQUEBOT" ne peut pas encore marcher normalement. Aussi, c'est "TONIO" (Antoine NAL) du C 18, qui le transporte dans une brouette.

D'un peu partout, des gars convergent vers LA BAUME D'HOSTUN dés qu'ils apprennent que leurs compagnons d'armes se regroupent pour la phase finale.


La Baume-d'Hostun Aout 1944

Plus au Sud, les Maquisards des BOUCHES-DU-RHONE font sauter le pont de chemin de fer au lieudit "CHATEAU-DE-L'ARC" à TRETS.

D'intenses préparatifs ont lieu du côté des Alliés pour organiser le débarquement qui, maintenant est imminent. A ROME, depuis le début du mois d'Août 1944, des parachutistes Français du 1er Choc ont été sélectionnés pour être affectés au 6ème bataillon de la 2ème Brigade Anglaise des troupes Aéroportées. Ils doivent servir d'interprètes et de guides. Au début de la nuit du 14 au 15 Août 1944, ils embarquent en camion pour rejoindre les planeurs. Ceux-ci doivent précéder les troupes terrestres afin de bloquer la RN 7 au MUY, et interdire tous déplacements de renforts Allemands. Comme pour le débarquement de NORMANDIE, des mannequins sont parachutés vers LA CIOTAT et entre CANNES et NICE pour donner le change et tromper les Allemands sur le véritable lieu du débarquement.

Le Général Américain FREDERICK qui commande l'opération aéroportée, embarque dans la première vague.

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Suite...

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