Attaque de ROMANS :

Le jour n'est pas encore levé à la Baume d'Hostun que les gars du 11ème Cuir sont déjà prêts à partir. Ils embarquent dans les camions à gazogène qui doivent les rapprocher de leur base de départ. Le 2ème Escadron du Capitaine JURY ne comprend guère qu'une cinquantaine d'hommes. Il attend, en vain, l'arrivée des F.T.P. qui doivent le renforcer et las d'attendre, donne l'ordre de départ.

Partout, les cavaliers s'infiltrent dans la ville et gagnent silencieusement le secteur qui leur a été assigné, s'y glissent sans attirer l'attention de la garnison Allemande qui ne s'attend certes pas à une attaque. Il s'agit de l'isoler entièrement de l'extérieur pour qu'elle ne puisse pas recevoir de renforts et pour empêcher toute fuite. En un mot, l'anéantir sur place.

Au Nord de Romans, sur la route de Mours et à l'Ouest, sur la route de Tain; l'Escadron du Capitaine "GRANGE" a pour mission d'interdire tout mouvement ennemi vers la place d'armes, la caserne et le collège. Quant à l'Escadron JURY, il doit neutraliser la défense Allemande de la place d'armes.

Dans le milieu de la matinée, la bagarre devient générale. Le 1er Escadron du Capitaine BOURGEOIS ferme hermétiquement le côté Est, depuis le haut du cours Gambetta jusqu'aux rives de l'Isère. Le contact est violent avec les Boches installés place de la gare. Cette place est protégée par des réseaux de barbelés très denses. Une mitrailleuse particulièrement gênante est très vite neutralisée. Placée sur le haut d'un mur, elle arrosait tout le secteur.

Une vive fusillade s'engage entre les hommes du 1er Escadron de BOURGEOIS secondés par les Sénégalais de MOINE d'une part et les Fritz d'autre part qui ont le soutien d'une automitrailleuse embusquée au carrefour, prés du garage Tabarin.

Dans cet engagement, le Sénégalais "SAMBO" (SAN BADOUR) est grièvement atteint et décédera deux jours plus tard à l'hôpital de Romans. Puis ce sont le Lieutenant René LYSSANDRE -un ancien du P.C. de "THIVOLLET"- et Edmond REBOUL, tireur au F.M., qui tombent, mortellement touchés.

L'Escadron BOUCHIER et l'Escadron BAGNAUD ont pour objectifs respectifs le garage Tabarin et la caserne. Le Lieutenant Jean-Charles GEORGES monte sur un pilier pour y installer un F.M. IL est abattu par un Boche planqué sous un camion. BOUCHIER donne alors l'ordre de tirer au bazooka en utilisant le faîte du garage.

Joseph LA PICIRELLA, du 1er Escadron de BOUGEOIS, aidé par "FAYARD" (Capitaine BOURDEAU) et "MOLAIRE" (Lieutenant BERTHET), passe par les toits, réussit à lancer deux gammons; l'un sur l'automitrailleuse et l'autre dans le garage. Les dégâts sont importants. Quatorze Allemands se rendent. Plusieurs sont blessés. Dans l'action, un cavalier du Lieutenant GEORGES est tué derrière une fenêtre où il s'était posté.

Quatre voitures Allemandes essaient de forcer le passage en direction de Grenoble. Elles sont stoppées net par le tir des gars du Sous-lieutenant LAUFRANCHI Pierre et de l'Aspirant LEPAGE. Cinq Fritz sont tués sur le coup; deux autres sont faits prisonniers. L'un des deux est très sérieusement blessé.

Fixant l'attention des défenseurs Allemands sur eux, les Sénégalais tirent sans discontinuer sur les occupants de la caserne. Pendant ce temps, trois pelotons de l'Escadron du Capitaine BAGNAUD commandés respectivement par les Sous-lieutenants DAGOT et PIANI et l'Aspirant OLLERIS ("15 grammes" du C17), réussissent à s'infiltrer à l'intérieur de la caserne. Trop occupés à répondre au feu nourri des Sénégalais et des gars de BOURGEOIS, pris à revers sous un feu violent et inattendu, les Boches, en guerriers accomplis, n'en réagissent pas moins rapidement et brutalement avec leurs armes automatiques et leurs mortiers.

Quant à ceux du collège, ils mettent plusieurs canons antichars en batterie, utilisant même le porche de ce dernier comme point d'appui, ils sont aussitôt pris à partie par toutes les armes qui peuvent leur tirer dessus.

Un Fridolin qui s'était planqué derrière un gros arbre, prés de l'entrée du collège, est tué par une balle qui a traversé le tronc de l'arbre.

La bagarre est tellement violente qu'une bonne partie de la caserne est en flammes.

Vers 13 heures, se voyant perdus, les Boches font sauter leur dépôt de munitions et embarquent dans leurs camions pour tenter une sortie désespérée. Ils foncent à toute allure vers la place d'armes. Disposés sur les trois côtés de la place opposés au collège, les gars de BOUCHIER et de JURY dont les cavaliers du C12 et C15, forment un obstacle infranchissable.

Pris sous un feu d'enfer, piégés, les Allemands sont stoppés brutalement. C'est un véritable carnage.

Les balles des F.M. et des fusils traversent tôles et bâches des camions, hachant les corps des soldats Allemands. De l'un des derniers camions, une mitrailleuse réussit à tirer une longue rafale; Philippe PASQUET est touché de deux balles au visage et s'écroule.

O.F.I. (TORCHIN) nous racontera plus tard que, lorsque l'ordre de cessez-le-feu parvenait d'un côté de la place, la fusillade reprenait d'un autre côté. Les hommes qui ont pu sauter des camions, se font hacher au sol, sur le pavé. Au bout d'un temps assez long, le feu cesse définitivement. Paradoxalement, les survivants doivent leur salut aux Sénégalais de Moine. En effet, ceux-ci abordent la place d'armes en poussant devant eux des prisonniers pour se diriger vers le collège. Aussitôt qu'ils aperçoivent leurs compagnons d'armes noirs, les Maquisards cessent le feu craignant de les atteindre. Alors que les "Frisés" du collège se rendent. On dénombrera, parmi la garnison Allemande, vingt-sept tués et cent cinquante prisonniers. Parmi ceux-ci, il y a de très nombreux blessés dont certains très sérieusement. Ces derniers ont certainement peu de chances de revoir vivants le Grand Reich. Malheureusement nous pleurons nous aussi nos morts et plusieurs civils sont tombés dont un tué par un ricochet à une fenêtre.

Dés le début des combats, les cavaliers du 2ème Escadron ont abattu l'équipage d'un side-car, vraisemblablement un agent de liaison Allemand et son voltigeur accompagnateur.

Les armes se sont tues. C'est le moment où les F.T.P. du Commandant "PHI-PHI" qui devaient épauler les gars du C12, apparaissent d'on ne sait où. Pourquoi n'ont-ils pas participé au combat ? En fait, les hommes de "THIVOLLET" ont réglé l'affaire à eux seuls avec plusieurs américains faisant partie d'un équipage d'avion abattu qui ont participé au combat aux cotés des gars du C12.

Dans le collège, maintenant aux mains des Français, des "souris grises" des services administratifs Allemands sont faites prisonnières. Contrairement aux craintes des prisonniers Allemands, ils ne sont pas maltraités et sont aussitôt évacués vers un centre de tri. La population Romanaise, réalisant alors sa libération, accueille à bras ouverts ses Libérateurs.

Nos blessés ont été transportés à l'hôpital de Romans. Parmi eux se trouve le Capitaine Georges ALLEMAND, gravement touché à une main. Un Milicien, dans la côte des Poids et Farines, lui a tiré une rafale de mitraillette.

Plusieurs de ces tristes sires ont combattu les nôtres. Ils ont vite fui le combat dés qu'ils se sont aperçus que leur cause était sans espoir.

Le 2ème Escadron s'installe dans le collège.


Libération de Romans

A Grenoble, dés la pointe du jour, le nettoyage se poursuit et l'occupation de la ville continue.

La section du Choc a passé la nuit à Vif. MUELLE et sa section partent vers Pont-de-Claix à bord de leurs véhicules constitués uniquement d'un car à gazogène et une vieille traction avant Citroën. Ils traversent les ponts qu'ils ont si âprement pris et perdus la veille et pénètrent dans la ville. Ils constatent que les Boches ont évacué précipitamment Pont-de-Claix dans la nuit. Les cadavres n'ont même pas été enlevés, ce qui laisse à supposer que l'ennemi s'est replié en catastrophe. Maintenant, il fait grand jour et les civils s'aventurent prudemment dans les rues. Arrivés à Grenoble, les Chocs s'installent à l'Hôtel de Ville.

"HERVIEUX" n'est pas tranquille. Il a peur d'un retour inopiné d'unités Allemandes regroupées hâtivement qui pourraient se livrer à un massacre généralisé de la population Grenobloise et de ses environs. Dés qu'il apprend l'arrivée des Américains à Pont-de-Claix, il part à leur rencontre pour leur faire part de ses appréhensions. Il emmène avec lui le Lieutenant Américain PARAY, officier-radio parachuté dans le Vercors. Ce dernier présente "HERVIEUX" au Lt-Colonel JOHNSON. Après avoir fait le point de la situation, "HERVIEUX" lui fait part de ses craintes : Une brutale réaction Allemande dont la population ferait les frais. Il poursuit en indiquant que la Résistance n'a ni chars, ni artillerie de soutien et que, dans ces conditions, elle ne pourrait guère résister à une troupe régulière armée de matériel lourd. Il demande avec insistance au Lt-Colonel Américain d'occuper rapidement la ville de Grenoble. JOHNSON hésite. Il estime qu'il s'est déjà pas mal aventuré, car le plus gros de son unité est toujours à Sisteron avec son supérieur hiérarchique. Il n'a que de faibles moyens militaires, à savoir : Un Escadron de chars légers, une compagnie d'infanterie motorisée et une batterie d'artillerie. Le risque est grand et il tergiverse. Après avoir hésité un bon moment, il finit par accéder à la demande pressante d'"HERVIEUX".

Les hésitations du Lt-Colonel JOHNSON sont naturelles, car les Allemands, regroupant leurs forces à Gières, n'ont rien perdu de leur virulence. Ils ont même un mordant exceptionnel car, débouchant de la route D538, ils reprennent Beaurepaire et une colonne se dirige vers Grenoble. L'intention de l'Etat-major Allemand est de maintenir ouverte cette voie de repli .... Les troupes Allemandes qui ont déjà réussi à décrocher et à se regrouper à la hauteur de Lyon, se retrouvent disponibles pour venir prêter main-forte à celles des unités qui n'ont pas encore pu se dégager.

A Pont-Evêque, au cours de cette contre-attaque, le s/Lt BIGOT, successeur de CHABAL à la tête de la 2ème Cie du 6ème B.C.A., est tué.

Une colonne de T.D. Américains comprenant une bonne vingtaine de chars a bifurqué à Crest pour se diriger vers Montélimar. Elle est encore à plusieurs kilomètres de Puy-Saint-Martin. Derrière elle, suivent "LEGRAND" et son adjoint pour les F.T.P. le Cdt "ROGER" qui arrivent de Sâou. Ces derniers profitent de la protection des chars Américains qui leur ouvrent la route.

Des civils arrêtent "LEGRAND" afin qu'il prévienne les Américains que deux sections de Fridolins ont pris position autour de l'église et dans le cimetière attenant. Ils disposent d'un petit canon anti-char et, d'où ils sont placés, ils interdisent tout mouvement sur la route. Aussitôt, "LEGRAND" avertit le Captain Américain. Celui-ci, au lieu d'attaquer, fait stopper ses chars et demande à l'artillerie régimentaire d'intervenir. Peu de temps après, un "Piper-cub" vient survoler le village pour, il n'y a aucun doute là-dessus, régler les tirs d'artillerie. "LEGRAND" se fâche, car il sait que les Américains vont raser la village de Puy-Saint-Martin.

Juste à ce moment, une compagnie F.F.I., qui fait mouvement vers la forêt de Marsanne, traverse la route à proximité du groupe d'officiers. "LEGRAND" prend l'initiative de faire stopper la progression de l'unité et lui donne l'ordre d'attaquer le village. Celle-ci passe immédiatement à l'attaque. Une vive fusillade éclate. Le combat ne dure pas plus d'une demi-heure. Les Fritz décrochent en abandonnant leur canon anti-char. Ils emmènent avec eux le corps sans vie de l'un des leurs qui vient d'être tué. Dans cette même action, un autre Allemand est fait prisonnier. Ainsi, grâce à la décision de "LEGRAND" et à l'action déterminée de la Compagnie F.F.I.,le petit village a pu échapper à une destruction certaine.

A peu de distance de là, sur la même route qui mène à Cléon-d'Andran, deux officiers Français sont arrêtés : Le Capitaine GIRY et son adjoint le Capitaine HENNEQUIN; un officier parachuté en provenance d'Alger. Ils sont persuadés que leur dernière heure est arrivée. Les Allemands sont bien décidés à les fusiller. Le peloton d'exécution se met en place. Un premier char Américain débouche au tournant de la route créant une véritable panique parmi les Felgrau ! C'est le sauve-qui-peut général. Les deux officiers Français ne demandent pas leur reste et détalent, coupant par champs et par bois. Revenus très prudemment sur la route, ils découvrent une jeep Américaine abandonnée, en état de marche. Avec ce véhicule providentiel ils rejoignent le P.C. de Gumiane au Sud de Saint-Nazaire-du-Désert, leur destination première.

La RN7, au sud de Lyon, connaît des embuscades quotidiennes presque devenues une routine. Au Sud de Malataverne, au lieudit "Aux Roches", un major Allemand est tué à bord de sa voiture. Au même endroit, mais en fin d'après-midi, c'est un important convoi qui tombe dans une embuscade meurtrière. Bloquée jusqu'à la nuit, l'unité a trois morts et une dizaine de blessés.

Parvenue à proximité de la RN7, l'artillerie Américaine canarde et met plusieurs Allemands hors de combat aux villages de La Coucourde et de Saulce.

Les lourds convois de la Wehrmacht qui retraitent depuis plusieurs jours, sont matraqués sans répit par une aviation Alliée omniprésente. Les pertes Allemandes, tant en hommes qu'en matériel vont grandissantes; aussi les Fritz utilisent de plus en plus les routes secondaires. Bien sûr, les embuscades répétées sont pour ces troupes, une gêne considérable, mais les pertes Allemandes sont moins élevées. Les balles des F.F.I. font moins de dégâts que les bombes et les voies secondaires offrent plus de couverts que la RN7. Un peu partout, au cours des embuscades et des ripostes Allemandes, des combattants des deux camps tombent dans une lutte farouche et sans merci. Durant cette journée c'est par dizaines que se comptent les victimes sur toutes les routes de la région.

Sur l'aérodrome de Bron, à proximité de Lyon, un groupe d'hommes du bataillon de Chambarrand du Cdt "MARIOTTE", réussit à s'infiltrer et à mettre le feu aux citernes d'essence de la Luftwaffe.

Avec autant de détermination et de maestria, un commando de Maquisards de la Grande-Chartreuse du Cdt "LOISY", incendient sept avions. Tous se retirent sans déplorer de perte.

En gare d'Alixan, une section de la Cie "SABATIER" attaque un train de matériel et de munitions Allemand. Les fusils-mitrailleurs font des ravages; mais les Allemands réagissent promptement. La bagarre est générale jusqu'à la tombée de la nuit. Les Patriotes ont quatre morts et trois blessés. On déplore la mort d'un civil. Nous ignorons totalement les pertes ennemies.

Pendant qu'"HERVIEUX" prend contact, le soir même du 22 Août 1944, avec le Général Diego BROSSAT, commandant la 1ère DFL, et le Général TOUZET du VIGIER, commandant la 1ère D.B., "BAYARD" à Aspres-sur-Buëch, rencontre le Général TRUSCOTT commandant le 6ème Corps Américain.

Dans Toulon, si l'on peut dire, la nuit a été assez calme, mais dés l'aube, de nombreux Felgrau, refoulés par l'Armée Française qui progresse d'Hyères vers Toulon, se replient par l'avenue Foch. Les Chleuhs, soldats bien entraînés progressent en fil indienne et à intervalle régulier, sur les trottoirs, de chaque côté de l'avenue surveillant chaque ouverture de maison. Les Chocs du s/Lt FOURNIER n'interviennent pas. Ils ont pris la décision de les laisser passer étant à cours de munitions. De plus les soldats ennemis sont beaucoup trop nombreux. Mais ceux-ci ont repéré la maison où l'Aspirant BONNARD et ses hommes se sont retranchés. Ils ouvrent le feu. Les Chocs ripostent, et plusieurs Allemands tombent. Les autres se dispersent le plus rapidement possible. Des ordres claquent et les Fridolins amènent deux canons anti-char de 20 mm qui tirent sur la maison. D'autres Boches s'infiltrent et gagnent les toits, ils finissent par investir le bastion des Chocs. Attaqués de tout parts, les Français combattent jusqu'à épuisement complet de leurs munitions; puis ils sont dans l'obligation de se rendre aux Nazis qui ont pénétré dans leur réduit. Pendant l'action, l'un des Chocs est mort. Les neuf autres sont sortis de la maison à coups de crosses. Dans la rue, ils sont alignés sur le trottoir face à une mitrailleuse. Pour eux, c'est la fin. Il n'y a aucun doute, la convention de Genève, les Boches ne la connaissent pas ! Au moment où il entend l'officier Allemand donner l'ordre d'ouvrir le feu; le chasseur ROGER, bien que blessé à une jambe par une balle, fonce tout droit, saute des murets et réussit à se cacher. Pendant ce temps ses huit compagnons de combat sont fauchés et tombent comme des quilles.

Deux chars Français surgissent alors et canonnent à bout portant les deux canons anti-char tout en mitraillant les servants qui se débinent en tous sens, cherchant à se protéger. FOURNIER et les siens croient à son salut, mais les chars font demi-tour et foncent vers la place Bonnier. Il ne reste plus, dans l'avenue déserte, que des cadavres de Français et d'Allemands éparpillés un peu partout sur la chaussée et les trottoirs. BONNARD, une balle dans la cuisse, sans connaissance, est le seul rescapé de cette exécution. Ses huit hommes sont morts.

Toute la journée, les combats se poursuivent avec acharnement. Ce n'est qu'en fin d'après-midi que le Colonel DE LINARES réussit à envoyer des renforts pour occuper le centre-ville. La 9ème D.I.C. (Division d'Infanterie Coloniale) est également engagée dans la bataille de Toulon.

Prés de Trets, dans les bois de la Combe, les Maquisards de la Commune font soixante seize prisonniers. Dans la nuit, deux SS qui tentent de s'évader, sont abattus.

A Marseille, tandis que les Maquisards du Sud-est combattent toujours dans les rues et ont réussi à s'emparer de la Gendarmerie, les premiers tirailleurs de l'Armée FFL font leur apparition. Ils sont accueillis par une foule en délire qui arrose l'événement avec force bouteilles de toutes sortes. Cette situation peut se révéler fort dangereuse, étant donnée la proximité des combats, car les éléments avancés de l'Armée d'Afrique sont déjà contact avec l'ennemi.

Au Nord de Saint-Julien, guidés par deux F.F.I., les tirailleurs attaquent deux sections Allemandes retranchées dans la garrigue. Après un bref mais violent engagement, la troupe Allemande composée en majeure partie par des jeunes soldats inexpérimentés, se replie en désordre, laissant sur place ceux qui sont hors de combat et une dizaine de prisonniers valides, intacts, mais terrorisés. Sur indications d'un jeune prisonnier, les tirailleurs découvrent dans un poste de secours abandonné par les équipes médicales qui n'ont pu les évacuer, allongés sur des châlits superposés, une douzaine de jeunes Allemands sous la garde d'un seul infirmier. Ils sont vraiment mal en point. Tous atteints, certains criblés par des chevrotines qu'ils ont reçues des Patriotes Français, les jours précédents.

Dans la baraque, la chaleur du mois d'août est accablante. Il se dégage de cette infirmerie de secours, une odeur putride... Pour ces jeunes Allemands l'arrivée de l'Armée régulière Française est leur salut. Après avoir fait évacuer tous les blessés, les Français rejoignent Saint-Julien où ils vont cantonner la nuit. Pour eux, la bataille de Marseille vient de commencer.

Mercredi 23 Août 1944

En ce début du jour, à Saint-Julien (quartier de Marseille), se tient un conseil de guerre sous la direction du Colonel CHAPUIS, commandant le 7ème R.T.A.. Se trouvent réunis, outre le Colonel, les chefs F.F.I. dont les troupes combattent depuis plus de deux jours dans Marseille et sa périphérie.

Le Général SCHÀEFFER commande la garnison Allemande, aux abois, mais très aguerrie, composée de dix mille hommes environ de la 244ème Division et de six mille marins de la Kriegs-marine.

Du côté terre, des ouvrages de défense sont placés sur tous les axes d'accès, principalement aux carrefours. Là, existent des casemates bien planquées, protégées par des doubles et même triples réseaux de barbelés, des chicanes et des mines; mais ces défenses sont principalement dirigées vers la mer. En un vaste arc de cercle, des blockhaus entourent le Vieux-Port avec, au centre, la colline où s'élève Notre-Dame-de-la-Garde -Point d'observation Idéal qui domine Marseille et la mer.

En novembre 1942, après l'invasion de la zone dite "libre", les Boches occupent Marseille. Pour les Nazis, le quartier du Vieux-Port est synonyme de repaire de terroristes et de juifs. Hitler en personne, ordonne sa destruction. Celle-ci sera favorisée par les autorités locales collaboratrices. Cette réputation n'est pas fausse. En effet, de nombreux soldats Allemands attirés par les prostituées qui, à cette époque, étaient très nombreuses dans ce quartier, ne rejoindront jamais leurs unités. Malgré de fréquents et systématiques ratissages, même en force, les autorités Allemandes ne retrouveront aucune trace de leurs disparus dans ce dédale de ruelles, de passages secrets, de culs de sac, habités par une population hétéroclite et bigarrée.

Dans la nuit du 23 au 24 janvier 1943, douze mille policiers Français aidés par cinq mille Felgrau, arrêtent six mille personnes, juives pour la plupart. Parmi ces personnes, deux mille seront livrées aux SS et dirigées en wagons plombés vers le camp de tri de Compiègne, puis vers les camps d'extermination.

Le 24 Janvier à l'aurore, vingt-cinq mille personnes sont envoyées en wagons à bestiaux, au camp d'internement de Fréjus. Quinze cent d'entre-elles sont déportées en Allemagne.

En février 1943, avant la destruction systématique de tout le quartier du Vieux-Port, les Nazis pillent toutes les maisons. Ils décrètent zone militaire interdite toute cette partie du vieux Marseille. La gare Saint-Charles est fortifiée et l'organisation Todt construit blockhaus et fortins bétonnés tout autour du Vieux-Port et de la Joliette. Par la même occasion, ils occupent les anciens forts Saint-Nicolas et Saint-Jean ....etc.... ainsi que les édifices principaux, tels la poste, l'hôtel Beauvau et bien d'autres qu'ils transforment en forteresses. A deux pas du Vieux-Port, dans l'alignement de la Canebière, ils construisent un Bunker qui interdit l'accès de cette voie principale. Ce dernier est appuyé par de multiples petits ouvrages en béton.

Du côté du rivage méditerranéen, les défenses sont plus importantes. Toute la corniche est fortifiée; devant les ports, au milieu de la rade, en arc de cercle sur 25 kilomètres d'ouverture, depuis le cap croisette au Sud jusqu'au cap Couronne au Nord, l'archipel du Frioul est constituée de trois îles principales : If, Pomègues et Ratonneau. En deux ans, les Allemands les fortifient à outrance.

L'Etat-major F.F.I. craint une riposte terrible de la part des troupes d'occupation et souhaitent être soutenus le plus rapidement possible par les troupes régulières Françaises.

Malgré les conseils de prudence formulés par DE LATTRE, MONSABERT ne veut absolument pas briser le bel élan de ses unités. Il les laisse foncer et parfois, elles vont même lui échapper momentanément ayant pris, provisoirement, une entière indépendance vis à vis de son commandement. C'est ainsi que les tirailleurs, rejoints dans l'action par des blindés, progressent rapidement, se glissent en coin au cœur du dispositif Allemand; qu'ils vont couper en deux sans même s'en rendre compte. Ils vont y semer panique et confusion.

C'est au cours de cette rapide progression, entre Saint-Julien et les Réformés, que les blindés reçoivent l'ordre de faire demi-tour tandis que les sections poursuivent leur marche en avant sans rencontrer d'obstacle. Elles accélèrent même l'allure et arrivent avant 7 heures en haut de la Canebière.

Nous sommes le 23 Août 1944, mais il faudra-encore cinq jours et demi de très durs combats pour que les troupes d'Afrique, épaulées par les F.F.I. et appuyées depuis la mer par la marine de guerre, obtiennent la reddition du Général SCHAFFER et de ses troupes et atteignent le Vieux-Port distant de quelques centaines de mètres.

Après avoir fait une pause pour s'alimenter, les tirailleurs reprennent leur marche en avant. Mais, de leurs fortins disséminés un peu partout, les Felgrau les ont repérés. Ils ont signalé leur présence à l'artillerie. Ils sont aux aguets et en alerte maximum. Aussi, lorsque les Français se pointent au grand carrefour Canebière-Cours Belsunce, ils sont accueillis par les mitrailleuses multiples de la Flakartillerie (D.C.A. Allemande) du fort St Nicolas qui entrent en action, tirant à angle zéro, c'est à dire à l'horizontale, interdisant toute progression.

Au début de l'après-midi, nos tirailleurs reçoivent l'ordre d'aller renforcer les F.F.I. qui tiennent la gendarmerie située à la porte d'Aix. Leur mission est d'interdire aux Fritz la libre circulation entre leurs positions de la gare Saint-Charles et celles de la rue de la République. Ils doivent tenir coûte-que-coûte cette position clef.

Guidés par des bénévoles, ils parviennent à la gendarmerie en empruntant des ruelles, des passages et des cours connus uniquement par les autochtones et peuvent ainsi renforcer la défense.

Où en est l'attaque sur les autre axes ?

Vers l'Estaque, le 1er G.T.M. exécute un mouvement tournant à l'ouest par Septèmes et la Gavotte et engage le combat.

Le 2ème G.T.M. avance par l'est dans la même direction.

A TOULON :

La bataille fait rage. Elle devient terrible, car les Boches ont reçu l'appui des rescapés de la ville d'Hyères et ils sont bien décidés à faire payer très chèrement l'abandon forcé de leurs anciennes positions. D'un autre côté, l'artillerie divisionnaire de l'Armée de terre, les canons lourds de la marine Française effectuent une concentration massive d'obus sur les points d'appui ennemis. C'est un véritable déluge de feu qui précède l'avance de nos unités.

Au cours des ratissages, les tirailleurs ont ramené de nombreux prisonniers. Ces derniers ont été faits sur les hauteurs qui dominent Toulon, tout spécialement au Nord de la ville au Mont-Faron. Lorsqu'elles ont été capturées, ces unités Allemandes tenaient des positions de défense sur ces hauteurs. Captives, elles ont été regroupées à la tour Beaumont, entre le fort de la Croix Faron et le Mont-Faron. Parmi les prisonniers se trouvent notamment ceux qui, lors de la contre-attaque qui a eu lieu trois jours plus tôt, avaient réussi à reprendre Dardennes le 20 Août.

Les Français ont l'avantage de posséder la Tour de Beaumont, ce qui constitue un atout certain. En effet, du haut de celle-ci, ils ont installé un observatoire de premier ordre pour leur artillerie. Connaissant aussi très bien les lieux, l'artillerie adverse canarde le poste d'observation au maximum et ne manque pas de munitions.

En vingt mois, depuis le 27 Novembre 1942, les marins de la Kriegsmarine occupent les anciennes fortifications Françaises qu'ils ont eu largement le temps de renforcer.

En Novembre 1942 les Allemands ont franchi la ligne d'armistice et envahi la zone Sud. Depuis deux ans, de grosses unités navales Françaises s'étaient regroupées autour de l'Escadre basée à Toulon. La convention d'armistice avait immobilisé toute la flotte Française dans différents ports de la méditerranée. Comme le stipulait cette convention, les feux des chaudières étaient éteints. Il était donc impossible de fuir lorsque la Wehrmacht envahit l'Arsenal. L'Amiral DE LABORDE donne l'ordre de sabotage. Le fleuron de notre flotte disparait dans les flots de la rade de Toulon, pendant que les équipages, le cœur ulcéré, présentent les armes à leurs navires en flammes. C'est ainsi que soixante de nos plus beaux navires sont envoyés par le fond. Sur les dix sept sous-marins en rade de Toulon, seuls cinq d'entre eux réussissent à forcer le barrage des mines flottantes qui ferment la rade. Parmi eux se trouve le légendaire CASABIANCA.

Mais revenons à ce jour du 23 Août 1944. A terre, dans la presqu'île de Saint-Mandrier, l'Amiral RUHFUS et ses mille huit cents marins continueront la lutte jusqu'au 28 Août.

En ville, à Toulon, les destructions sont énormes. Bombardements navals, terrestres et aériens se succèdent sans arrêt, tandis que les tirs de contre-batterie Allemands ripostent au même rythme.

Dans l'ISERE, à Bourgoin-Jallieu, un très sérieux accrochage oppose les F.F.I. à une forte troupe de marins de la Kriegsmarine qui essaye de remonter vers le Nord. Au cours de cet engagement, dix sept marins Allemands sont tués et les Français déplorent la perte d'une douzaine de Maquisards dont "FRANÇOIS" (Lt Paul LOSITSKI)

Ce dernier, le 19 Janvier 1944 avait tendu une embuscade à la Goule Noire dans le Vercors. Deux hauts fonctionnaires Allemands et un journaliste Hollandais avaient été capturés. Afin de récupérer les leurs, le 22 Janvier 1944, les Allemands ont envoyé une forte patrouille. Elle tombera dans deux embuscades successives, l'une montée par le C10 commandé par "SEGUIN", la seconde par "FRANÇOIS" à l'entrée du tunnel aboutissant aux Baraques-en-Vercors.

Attaquée continuellement et sur toutes les routes, aussi bien par les Maquisards que par les troupes Américaines du Général BUTLER qui entrent en action dés qu'elles atteignent la vallée du Rhône; matraquée par l'aviation Alliée qui remonte sans arrêt les lourds convois, par la RN7, la XIXème Armée voit de jour en jour ses pertes s'accroître jusqu'à un niveau jamais atteint.

Avant de se retirer de Beaumont, les Fritz font sauter leurs réserves de munitions et d'essence.

Dés les premières heures du jour, l'Etat-major de la Wehrmacht installé au fort Saint-Irénée à Lyon, brûle ses papiers, détruit ses munitions, tout le matériel qu'il ne peut emporter dans sa fuite et se joint à un imposant convoi qui prend la route de Dijon.

Au quartier de la gare à Livron, un bombardement Allié fait une nouvelle victime civile qui vient se rajouter aux neuf malheureux écrasés sous les bombes la veille à Saint-Marcellin.

Sur la D14 entre Grignan et Taulignan, au carrefour de la D24, un camion F.F.I. est détruit par un char allemand et son conducteur tué.

Aux Glovins, les hommes du C12 ont fait grasse matinée. Après le déjeuner, ils sont occupés à fourbir leurs armes lorsqu'un camion arrive. En descend "O.F.I." (Georges TORCHIN) qui s'écrie :

"Les gars, je vous cherche partout depuis ce matin. Hier, nous avons délivré Romans et c'est le Capitaine JURY qui commande notre Escadron."

Et il raconte, avec sa verve habituelle et force détails ce qui s'est passé la veille.

Un brouhaha général s'en suit, les gars sont déçus de n'avoir pas été tenus au courant de ce qui se préparait et de n'avoir, de ce fait, pas pu participer avec leurs copains à la bagarre.

Nous informons "SANGLIER" que nous avons l'intention de le quitter pour retrouver nos copains du C12, il comprend très bien la situation.

Le bouclage de nos 'sacs est vite fait. Nous embarquons dans le camion gazogène pour rejoindre Romans, voyage effectué sans incident notoire, et arrivons au collège de Romans où cantonne le 2ème Escadron.

Les copains qui sont restés dans le Vercors et se sont réfugiés dans la forêt de Lente avant de participer à la prise de Romans, sont fort surpris, tout comme "O.F.I." la veille, de retrouver "CALVA" vivant. Ils étaient, eux aussi, persuadés qu'il avait trouvé la mort à Vassieux.

Quant à JURY, il est ravi de récupérer onze anciens avec leur armement. Au C12, nous passons a dix neuf hommes et l'effectif du 2ème Escadron est maintenant d'une soixantaine de gars.

Lors de notre randonnée en camion pour rejoindre Romans, nous avons pu constater combien les Américains font la guerre en dilettante. Certains campent sans aucune garde à trente mètres de la route, décontractés ou plutôt inconscients des risques qu'ils prennent. La moindre patrouille Allemande venue aurait pu facilement les "cravater". Au soir de notre arrivée à Romans, nous les voyons se pointer. Ils ne font que passer; pour aller où ? Nous l'ignorons !

Après la joie des retrouvailles, après le récit des aventures de chacun depuis leur séparation mouvementée, les gars du C12 s'endorment dans la quiétude.

En Normandie, les Alliés ont pris Lisieux tandis que la 2ème DB de Leclerc passe la Seine à l'Ouest de Paris.

Jeudi 24 Août 1944

Au collège de Romans, la vie s'organise. Après la toilette matinale, le petit déjeuner, les garçons du C12 reprennent le nettoyage des armes qui a été interrompu la veille lors de l'arrivée inattendue de "O.F.I.". "CADET" (ROUSSEL) reçoit un magnifique F.M. Français qui, malheureusement, n'a que peu de munitions.

Nous sommes convoqués par le Capitaine JURY qui, désormais, est notre chef.

Le Capitaine JURY :


Capitaine Jury

Né à Lyon le 8 Juillet 1916, il sort de l'école de cavalerie de Saumur en Avril 1937. Il est alors affecté au 3ème Hussards à Sarreguemines. Cavalier passionné, il est considéré comme l'un des meilleurs de son régiment.

Lorsque la guerre éclate, il est au 15ème G.R.C.A. Il combat dans la Sarre aux avant-postes. Sa conduite valeureuse lui vaut d'être cité à l'ordre du corps d'Armée pour avoir défendu avec son peloton le village de Herbitzheim où il était en position, complètement encerclé durant toute une nuit.

Pendant la drôle de guerre, après un hiver rigoureux, il opère à cheval avec son peloton. Il est à nouveau cité à l'ordre de la Division pour avoir le 29 et 30 Mai 1940 attaqué des patrouilles Allemandes et ramené des prisonniers.

Après le 15 Juin et l'abandon de la ligne Maginot; il a pour mission, au sein de son G.R.C.A., de retarder l'ennemi en direction de Lunéville.

Encerclé dans les Vosges, il est fait prisonnier avec toute son unité qui a au préalable enterré cartouches et culasses. Presque aussitôt, il s'évade avec l'aide de ses camarades. Déguisés en cheminots, ils atteignent Paris après pas mal de péripéties. Ses essais pour passer en Angleterre par l'Espagne s'avèrent vains. Il réussit à se faire affecter dans l'Armée d'Armistice. Après un cours séjour aux Chantiers de Jeunesse, on le retrouve à Batna en Algérie au 3ème Spahis. Lieutenant, il est démobilisé en fin 1942, rentre en France et prend contact avec "BAYARD" (DESCOUR). Il participe à la Résistance. Sur dénonciation, la Gestapo découvre un dépôt d'armes dans sa propriété des Dombes. Il réussit à s'échapper, mais sa mère est emprisonnée à Montluc avant d'être déportée à Ravensbrück, où elle mourra suite aux mauvais traitements qui lui sont infligés.

Le 11 Juin 1944, il rejoint le Vercors au P.C. de "BAYARD" installé au Rang-des-Pourrets. A la suite de la prise de Romans, il est une nouvelle fois cité à l'ordre de la Division et est nommé Capitaine.

JURY se consacre à la réorganisation du 2ème Escadron, son Escadron. Il nous informe des décisions qu'il a prises. L'Escadron comprendra trois pelotons plus un. Le peloton de Hubert AUDRAS où on trouve son frère Michel, huit de leurs camarades de la Britière et les rescapés du C18. JURY désigne Bertrand MOREL-JOURNEL "BEN HUR" pour commander les gars du C12 qui formeront le peloton. Quant aux rescapés du C15, ils conservent leur chef et seront commandés par "CHARVIER" ( Marc COQUELIN).

Reste à attribuer les numéros de chaque peloton. JURY en démocrate consommé, laisse à ses officiers le choix du numéro de leur peloton; tout du moins au début. Un débat fort animé oppose Hubert AUDRAS à "BEN HUR", chacun d'eux prétendant avoir le n°1 pour son peloton. De l'avis des hommes du C12, il aurait été logique que ce fut le peloton formé par les plus anciens qui porte ce numéro, comme cela se pratique habituellement ailleurs. De conversation cela devient rapidement une vive altercation entre AUDRAS et MOREL-JOURNEL qui dégénère en véritable bataille de chiffonniers car aucun des deux ne veut céder.

Excédés par cette palabre, les Cuirassiers, comme JURY, assistent réprobateurs à cette dispute sans prendre position. Traduisant la pensée de ses camarades étonnés, "CALVA" dit à JURY :

"Vous savez, nous les gars du C12, dans le fond on s'en fout un peu que nous soyons le 1er ou le 2ème peloton. De toute façon, ce que nous savons, c'est que lorsqu'il y aura un coup dur, c'est nous que vous mettrez en avant !"

Pour mettre fin à cette querelle stupide et déplacée, JURY tranche : Le premier peloton sera celui commandé par Hubert AUDRAS, le deuxième -ancien C12- sera commandé par "BEN HUR" et le troisième -ancien Cl5- par "CHARVIER".

Reste le quatrième peloton, celui de la logistique, c'est le P.H.R. (Peloton Hors Rang). Il est indispensable à tout l'Escadron. Il comprend tous les Services : Entretien mécanique des véhicules ou service auto, comptabilité, cuisine, infirmerie, fourrier appelé généralement "garde-mites"...etc... jusqu'à nouvel ordre il sera directement rattaché à JURY.

Comme une réorganisation ne va pas sans nomination, "SEPPI" et "PINTCH" sont nommés Maréchal-des-logis, "CALVA" et "LA MOME" Brigadiers-chefs.

"PINTCH" et "ROBY" forment le noyau du futur P.H.R. -Service Auto-. C'est ainsi que le 2ème peloton se retrouve réduit et ne comprendra, au début, que dix-sept hommes qui sont : "SEPPI", "CALVA", "LA MOME", "O.F.I.", "BACCHUS", "PARE-CHOCS" , "CUPIDON", "ATHOS", "PORTHOS", "ZOULOU", "LA CHIUME", "JACQUOT", "PEKIN", "L'ERMITE", "LA MAURICAUDE", "CADET" et "TRENTE-SIX". Ils sont commandés par "BEN HUR".

Ces vieux baroudeurs du Maquis ne connaissent pas les véritables capacités de commandement de leur nouveau chef et ils n'ont aucune opinion. Ils ont pu constater uniquement qu'il ne prenait aucune initiative, ce qui en a étonné plus d'un. Aussi, en aparté, "O.F.I." confie à "PEKIN" :

"Bah ! on se débrouillera bien nous-mêmes on en a l'habitude, on verra bien !"

Quant à JURY, il nous inspire plutôt confiance.

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Suite...

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